
Une nouvelle méthode de lutte non violente et gaie est lancée contre la publicité dans le métro
(...) cette fois, votre œil s’est attaché à un détail incongru, et vous voilà sorti du coma métrolique. L’appétissant praliné, que vous aviez déjà aperçu sur les panneaux publicitaires géants des autres stations, a disparu sous un insolent « 50x70, c’est bien assez ! ». Une myriade de papillons repositionnables venant compléter cette nouvelle décoration.
Les chanceux bloqués à quai pour cause de surfréquentation auront tout loisir d’y déchiffrer : « sous les panneaux, le paysage », « la pub fait dé-penser », « faites l’amour, pas les magasins », messages renvoyant au site des Reposeurs.
Chaque jour depuis le 12 octobre, des petits groupes s’organisent pour recouvrir ainsi une partie du paysage publicitaire du métro. (...)
l’action des Reposeurs porte plus particulièrement sur les panneaux de 4 mètres par 3 du métro, avec une revendication très simple : enlever toutes les réclames présentes sur les quais et dans les couloirs, pour les remplacer par des affiches de 50x70cm, le format de l’affichage associatif, regroupées sur des surfaces de 2 m².
Ce qui aurait un double effet : une réduction quantitative de la publicité (en passant des 144 m² moyens d’affichage par station à 8 m²), ainsi qu’une libération de l’espace visuel, d’où seraient bannis les affichages géants ou animés, ressentis comme une agression. (...)
beaucoup mettent en garde contre la duplicité des messages commerciaux : outre l’intériorisation de désirs étrangers, ils entraînent l’appropriation des codes utilisés par les publicitaires, souvent synonymes de sexisme, de violence, et d’objectivation des êtres vivants. Bien entendu, cet argumentaire se retrouve dans les actions d’autres mouvements anti-pub.
Mais les Reposeurs sont soucieux d’éviter tout amalgame : désobéissance « éthique » plutôt que « civile », aucun risque légal, actions et revendications ciblées (uniquement dans le métro et contre les affichages supérieurs au format 50x70cm), l’initiative se veut résolument humble et accessible à tous. (...)
Tous ceux qui partagent cette indignation esthétique et morale, sans pour autant vouloir renoncer à tout affichage, sont donc invités à préparer calicots, feuilles et papier adhésif, jusqu’au 26 octobre à l’heure du dernier métro.
Autre principe d’efficacité non-violente : l’action des Reposeurs, limitée dans le temps, ne dure que deux semaines et perdurera ensuite à travers une pétition. Plus que quelques jours, donc, pour se faire iconoclaste et introduire une distance salvatrice entre la publicité et son réceptacle, nos mirettes. (...)