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Les OGM se cachent dans la mutagenèse, affirment les faucheurs volontaires
Article mis en ligne le 11 avril 2014

Une méthode de transformation des plantes, la mutagenèse, est dénoncée par les faucheurs volontaire comme produisant des OGM cachés. Ils ont "neutralisé" une parcelle de tournesol muté. Leur procès à Orléans permet de faire la lumière sur cette technique qui se répand discrètement.

Orléans, reportage

Pas difficile de repérer le tribunal dans l’étroite rue pavée du centre d’Orléans en ce mercredi 9 avril. Il est assiégé par une cinquantaine de faucheurs volontaires, venus avec panneaux et banderoles soutenir leurs trois camarades qui doivent comparaître devant la cour d’appel dans l’après-midi. La plupart ont pendu à leur coup une petite pancarte "comparant volontaire".

Car le 24 juillet 2010, ils n’étaient pas trois mais 119 à "neutraliser" deux champs de tournesol en Touraine. Sur ces parcelles de démonstration, était plantées deux variétés de tournesol résistant à un herbicide, l’une produite par Pioneer, l’autre produite par Caussade Semences.

"Le jour de l’action, 32 personnes ont été auditionnées par la police, douze personnes ont été identifiées comme ayant participé aux faits", rappelle Fabien Houyez, l’un des trois prévenus. Lui aussi convoqué au tribunal, Bruno Strée poursuit : "Avec Fabien, nous sommes deux activistes connus des services de polices, on est aux minimas sociaux, donc ne prendre que trois personnes c’est une manière de nier notre représentativité et de nous stigmatiser." (...)

Sixième témoin, Daniel Evain revient sur la mutagénèse. Il a travaillé à produire des semences dans les laboratoires de Monsanto. "J’utilisais des produits toxiques pour créer des perturbations chromosomiques, décrit-il. La mutation touche l’ensemble du génome. Donc ce qui m’interroge c’est qu’il n’y ait pas d’évaluation sanitaire et toxicologique de ces plantes." (...)

Le second avocat de la défense, Me Tumerelle, revient sur les dangers de ces variétés mutées. "On fait muter l’intégralité du génome de la plante et on identifie le gène de résistance à l’herbicide. Mais on ne sait pas quelles sont les autres mutations. Il y a donc plus d’effets indésirables qu’avec la transgénèse !"

Preuve que le risque de contamination à d’autres cultures est immense, "aucune compagnie d’assurance n’accepte de l’assurer ! Le risque économique est avéré." Puis il cite les études scientifiques montrant une utilisation accrue de pesticides, les risques pour la santé, l’environnement : "Tout est dans le dossier ! Nous demandons donc la relaxe", conclut-il.

Toujours impertubables, les trois juges marquent un temps de silence. Le président prend encore quelques notes, puis annonce : la décision sera rendue le 24 juin.