
En Patagonie, une poignée de Mapuches revendique des terres rachetées par la famille du célèbre industriel italien spécialisé dans le textile. Avec un million d’hectares, il est le plus grand propriétaire terrien du pays.
« Cette terre appartient à la communauté mapuche, assure Atilio. Mes parents sont nés ici, tout comme moi. Et ces riches Italiens m’accusent d’être un usurpateur ! » Face au terrain occupé par Rosa et Atilio, le domaine des Benetton s’étend à perte de vue. Au total, ils possèdent un million d’hectares en Argentine (soit la superficie de l’Ile-de-France), où seraient élevés les 16 000 vaches et 250 000 moutons qui fournissent la laine des célèbres pulls Benetton. « Je ne vois presque aucune bête sur leurs propriétés, fulmine Rosa. Ils mentent. » (...)
Les Italiens emploient 600 personnes, dont des Mapuches tout heureux d’avoir un travail. « Benetton nous a donné un gymnase et nous offre de la viande », plaide Juan Cociolo, maire péroniste du village El Maïten. La Patagonie a parfois des allures de Far West, quand domaines public et privé se confondent, avec la bienveillance des politiques locaux. La construction d’un commissariat de police et d’un musée a ainsi été financée par la famille de Trévise. Ce conflit, c’est donc une mauvaise publicité pour les Italiens, qui dépensent une fortune pour porter leur slogan « United Colors of Benetton » d’entreprise responsable et multiculturelle.
La police a expulsé les Indiens une première fois en 2002 et la justice a reconnu la validité des titres de propriété des Benetton. Un nouveau jugement statuera dans les prochains mois. L’Argentin Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix (1981), a accusé Luciano Benetton de s’être « servi de la complicité d’un juge sans scrupule ». L’Italien a rétorqué : « C’est ingrat de nous comparer à des seigneurs féodaux. Nous avançons, guidés par les règles économiques en lesquelles nous croyons. » (...)
« Chez les Mapuches, la propriété privée n’existe pas. L’homme appartient à la terre, et non l’inverse », expose Atilio.
Difficile d’expliquer cela aux stars qui ont acheté des terres dans les années 1990 sous la présidence de l’ultra-libéral Carlos Menem(...)
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