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Rue89 Bordeaux
Les Hébergeurs solidaires accueillent des jeunes sans abri à Bordeaux
Article mis en ligne le 21 novembre 2017

Crée en mars 2017, le collectif bordelais des Hébergeurs solidaires prend en charge des mineurs étrangers isolés, de plus en plus nombreux en Gironde. Ses bénévoles ont fait part de leur expérience ce jeudi à l’Utopia, et manifesté samedi. (...)

« Notre idée est de mettre en place un réseau d’hébergement solidaire pour les mineurs isolés étrangers en attendant leur prise en charge par l’aide sociale à l’enfance », explique Melissa.

Juriste et membre de la Cimade, la jeune femme est une bénévole d’un collectif créé en mars dernier à Bordeaux sur le modèle déployé notamment à Nantes. Ces hébergeurs solidaires ont présenté pour la première fois leur action lors d’une soirée à l’Utopia, jeudi dernier. Alors que le nombre de jeunes migrants ne cesse de croitre – 4500 mineurs non accompagnés recensés en Gironde depuis début 2017 –, et que de plus en plus de personnes se retrouvent à la rue à Bordeaux, ce réseau de solidarité s’est constitué en mars pour pallier les carences de l’État, pour reprendre les termes du Premier ministre lui-même.

Rassemblements pour les droits de l’enfant

Samedi 18 novembre plusieurs associations se sont rassemblées place de la Comédie pour manifester contre « l’État hors la loi ». Organisée par le Collectif Solidarité Réfugiés 33, l’objectif de ce rassemblement est de dénoncer le « non respect du droit des mineurs isolés étrangers », alors qu’une centaine d’entre eux se serait tournée vers les associations pour obtenir de l’aide ces derniers mois. Equipés de cinq tentes sur lesquelles étaient collées des affiches portant le nom de jeunes étrangers en situation d’urgence, les manifestants ont remonté la rue Sainte-Catherine jusqu’à la place de la Victoire. Une des affiches rendait hommage à Souleyman, un jeune ivoirien de 15 ans tué écrasé l’été dernier alors qu’il dormait sur le parking du CHU de Bordeaux. (...)

Quand un mineur étranger arrive en France, il doit être pris en charge par ce service qui dépend du Conseil départemental, afin d’évaluer son âge. Pendant cette période d’évaluation, sa mise à l’abri est censée être garantie, si il y a suffisamment de places d’hébergement. Et après, cela se complique encore, déplore Alban, un des bénévoles du collectif :

« Souvent les jeunes sont reconnus majeurs par erreur. Dans ce cas ils peuvent faire appel et être réévalués par un juge pour enfant. Le problème est que ces procédures sont souvent très longues et pendant ce temps le mineur n’est pas pris en charge, il est livré à lui même. » (...)

Fondé en mars 2017 par deux membres de l’association ASTI Bordeaux, le collectif Hébergeurs solidaires a mis en place un réseau de familles bénévoles pour accueillir ces jeunes en attendant leur évaluation ou leur demande de recours devant le juge des enfants. Les mineurs sont pris en charge jusqu’à leur audience, ce qui correspond à des périodes très variables selon l’avancée de son dossier juridique, allant de deux à cinq mois. (...)

« 10 jours avant d’oser ouvrir un placard »

Inspiré du fonctionnement de l’association d’aide aux migrants Welcome, la prise en charge est partagée entre plusieurs accueillants. Les mineurs changent de foyers toutes les trois semaines.

« On a fixé ce seuil pour laisser au jeune le temps de s’adapter à la famille mais éviter qu’il s’y attache trop », précise Mélissa.

« Moi il a mis dix jours avant d’oser ouvrir un placard », déclare alors Nathalie. Cette femme d’une cinquantaine d’années loge un camerounais de 17 ans depuis deux mois. « C’est vraiment très facile, si vous avez une chambre de plus n’hésitez-pas », affirme-t-elle pour convaincre les participants à cette réunion – une quarantaine de personnes.

Passée la timidité du début, les langues se délient, et les questions fusent : « Mais qu’est-ce qu’il fait la journée ? » « Est-ce qu’il a vos clefs ? » « Et la barrière de la langue ? » Souriante, Nathalie répond : « Il parle très bien français. Mais vous savez, j’avais déjà accueilli un Espagnol il y a quelques années, je n’ai jamais fait d’espagnol, mais avec Google Translate et les gestes on se débrouille ! »

« La plupart sont d’Afrique Subsaharienne, la langue n’est donc pas un problème, détaille Alban. Ce sont essentiellement des garçons, peu de filles font le voyage seules. » (...)

« Il y a des fois où la situation est trop compliquée et la famille d’accueil n’est pas la solution, reconnait Alban. Le passé est trop lourd. »

Depuis mai le collectif, animé par 6 bénévoles, a rassemblé 23 foyers et pris en charge sept jeunes pour une durée de un à six mois.

« On a une liste d’attente trop longue par rapport à nos moyens, on est obligé de sélectionner en fonction de l’urgence de la situation », regrette Emma. (...)

Chaque jeune pris en charge est conduit vers Médecins du Monde pour une visite médicale et pour lui ouvrir des droits AME (Aide médicale d’état). L’ASTI s’occupe des procédures administratives et juridiques. L’association Tremplin permet aux mineurs de suivre des cours de maths et de français.

Toutes les procédures sont prises en charge par Hébergement solidaire, les accueillants doivent simplement fournir un toit et deux repas par jour. (...)