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Les Gilets jaunes à la Réunion, un mouvement tout compris ?
Article mis en ligne le 25 novembre 2018

Les Gilets Jaunes à la Réunion, c’est le blocage de l’économie et des exactions en marge. Tout un monde, politiques et crapules aussi, manifestent contre le prix du diésel mais aussi contre le coût des lois sociales et divers problèmes. Ainsi, deux jeunes GJ discutaient du coût de la vie. Tu te rends compte, dit l’un, même le prix du zamal (canabis) a augmenté ! Où va-t-on ? Route bloquée !

On sait qu’ici à la Réunion les Gilets jaunes sont "en chaleur" ; c’est une expression locale pour dire que, non seulement, ils ne sont pas contents - ce qui est le propre d’un Gilet jaune - mais, de plus, ils arrivent à paralyser l’économie depuis maintenant une semaine. Alors, c’est simple pour moi, je pense que ma petite entreprise de formation dans le transport ne tiendra pas le coup. En effet, pour former des conducteurs il faut des routes pas bloquées et des stations-services avec du carburant dedans. Sans cela, le travail n’avance pas, je dirais même, il ne roule pas. Pour le moment, je ne vois pas bien comment arriver à payer les 38 salaires de l’entreprise à la fin du mois. Voilà une bonne raison d’être avec nous me disait hier un Gilet jaune !

J’en discutais avec une connaissance qui a lui aussi une petite entreprise. Il a manifesté personnellement toute la semaine avec les Gilets jaunes, ce qui n’a pas trop empêché son commerce puisqu’il vend du pain et de la bière, et comme il a l’esprit militant il va même ce jour (samedi) prendre le temps d’encourager une délégation qui va rencontrer dans la journée notre préfet. Lui, il manifeste parce que le travail coûte trop cher en France. On voit que dans cette manifestation tout se rejoint : les salariés manifestent parce qu’ils ne gagnent pas assez pour payer leur diésel et les petits entrepreneurs manifestent parce que les salariés coûtent trop cher.

Mon ami entrepreneur me dit qu’il a fait son calcul. Si jamais il se met à déclarer ses employés en CDI et à "ne plus frauder" son entreprise n’est pas "viable". C’est aussi un discours que j’entends tous les jours et les faits, c’est-à-dire la non-viabilité, sont fondés. Mais j’essaie de comprendre la cohérence du propos de militant des Gilets jaunes qu’il est et je l’interroge. Dans quelle mesure, lui dis-je, ne contribues-tu pas au malheur que tu dénonces ? Est-ce que le fait de déclarer 30% de ton activité ne serait pas au moins un peu à l’origine du malheur qui te révolte et, du fait de la précarité des salariés auquel tu participes, la raison même de la colère de la plupart de tes co-manifestants ? Je n’ai pas eu la réponse parce que son téléphone sonnait et qu’il ne pouvait plus dès lors poursuivre la conversation. De toute façon, la question était difficile. (...)