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Association Autogestion
Les Castors
Article mis en ligne le 3 décembre 2014
dernière modification le 26 novembre 2014

Le mouvement « Castor » d’autoconstruction et d’autogestion de logements a inspiré une quarantaine de projets en France, avec notamment la Cité des Castors érigée à Pessac au lendemain de la seconde guerre mondiale, mêlant maisons individuelles loties et vie collective intense.

Les Castors sont les héritiers des cottages sociaux de l’entre deux guerres et une réponse militante à la crise du logement qui suit la seconde guerre mondiale. Travailleurs de l’agglomération bordelaise influencés par les syndicats et partis de gauche dont les JOC, ils suivent Etienne Damoran, prêtre ouvrier, qui leur propose de se prendre en main pour construire leurs logements. (...)

Constitués en Comité Ouvrier de Logement (COL) en 1948, ils achètent un terrain grâce à un prêt obtenu en faisant reconnaître en mai 1949 par le ministre de la reconstruction et de l’urbanisme Claudius Petit leur « apport travail » : les 150 hommes s’engagent à travailler 24 heures par mois ainsi que 15 jours par an afin de garantir l’emprunt (au total, cela représente plus de 1500 heures de travail par Castor, soit plus d’un an de travail). Cette innovation sera ensuite inscrite dans la législation sociale HLM (circulaire du 12/09/1952).

Les travaux nécessiteront de défricher, de creuser et couler les fondations, de tracer les routes et de construire 150 pavillons individuels, à coût réduit et avec un confort supérieur (salle de bain, cuisine, chai), à une époque où l’insalubrité était la règle. De plus, les Castors construisent un château d’eau et un réseau d’assainissement (égouts, écoulement des eaux pluviales). (...)

Après le milieu des années 1950 et les constructions de grands ensembles, les politiques publiques favorisent l’habitat collectif en location. Le mouvement Castor se tourne alors vers le logement individuel. Puis la loi Chalandon de 1971 supprime la circulaire permettant la reconnaissance de l’apport travail et le statut de locataire coopérateur.

Aujourd’hui, de telles expériences d’autoconstruction semblent plus difficiles, notamment à cause de la disparition de l’apport travail, du développement des normes de construction, ou de l’accès au foncier dans les grandes agglomérations. Le gouvernement socialiste a cependant réintroduit des dispositions favorables à l’habitat participatif (loi ALUR), dont l’effet sur le terrain reste à évaluer.