
Le grand rassemblement festif contre le projet d’aéroport et les projets inutiles s’est déroulé les 3 et 4 août. Une superbe ambiance, ici racontée.
Lettre à toi qui aurais dû venir à Notre Dame des Landes
Je sais que ce sont les vacances et que la date n’était pas pratique pour toi, mais franchement, tu aurais dû venir à Notre Dame des Landes, ce week-end des 3 et 4 août. On était presque 40 000 sur les deux jours ! Bien loin des prévisions pessimistes relayées par les principaux médias, la semaine dernière... Et j’ai d’ailleurs bien peur qu’ils ne te racontent aujourd’hui que le dixième de ce qu’on a pu y vivre réellement. Parce qu’une nouvelle fois, ce grand rassemblement fut une belle réussite. (...)
Pour l’occasion, les organisateurs de l’ACIPA avaient aménagé un grand champ de onze hectares, à cinq cents mètres au nord de la ZAD, pas très loin du carrefour des Ardillières. C’était très bien organisé, il y avait différents emplacements de parking et un grand camping géant, avec des points d’eau et des toilettes sèches. Et sur le site même de l’événement, ils avaient installé des chapiteaux et des barnums, de multiples stands, des bars au quatre coins, en plus bien sûr de la grande scène et de sa régie. Il y avait même des tables de ping-pong et des terrains de jeux pour les enfants ! Et pour gérer tout ça, il y avait pas loin de 500 bénévoles. (...)
Quelques jours après le troisième forum européen contre les GPI, tout cela a permis d’avoir une vision plus précise de la situation conceptuelle et pratique des résistances citoyennes en France et en Europe. Tout le monde était réuni pour donner un sens global et collectif à la démarche de lutte contre l’aéroport de NDDL. Ils étaient nombreux à s’exprimer : politiques, associatifs, syndicats, médias, éditeurs, etc., on comptait près de cinquante structures présentes. (...)
c’était un beau week-end à Notre-Dame-des-Landes. Ne te fie pas trop à ce qu’on en dira dans les médias : bien sûr, l’affluence par rapport aux objectifs initiaux était moindre. Ce n’était pas le Larzac 2003, certes, mais était-ce là l’enjeu du rassemblement ? Je préfère voir la sérénité qui émanait des participants, elle traduit bien cette confiance en l’avenir et l’issue positive du combat. Et puis cette douce euphorie qui s’emparait parfois de la foule réunie autour des artistes... n’est-ce pas cela la force joyeusement subversive du militantisme face au pouvoir austère et conservateur de quelques-uns ?
Il y avait comme une odeur de bonheur dans ce rassemblement militant. C’est ça, je crois, le convivialisme. Et entre nous, il y a quand même parfois des signes qui ne trompent pas : à voir toutes les étoiles filantes qui zèbraient ces belles nuits d’août, je me suis dit qu’en effet, il y avait d’autres manières de tracer le ciel... (...)