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le Figaro
Le trafic d’enfants, cette ombre qui s’étend sur la Polynésie française
Article mis en ligne le 12 mars 2021
dernière modification le 11 mars 2021

Depuis plusieurs décennies, des couples venus de métropole viennent adopter des enfants, à la sortie même de la maternité de Papeete.

(...) Dans la coutume polynésienne, le Fa’a’amu permet la prise en charge d’un enfant par d’autres personnes que ses parents biologiques, souvent ses grands-parents, un oncle ou une tante. Pour cela, lors d’une audience civile, le tribunal leur accorde en bonne et due forme une délégation d’autorité parentale. L’enfant ne perd jamais le contact avec ses parents et va évoluer au sein d’une famille élargie. En Polynésie, il arrive à terme que des adoptions simples soient finalement conclues, essentiellement pour des raisons successorales.

Mais cette pratique de solidarité familiale ancrée dans la parentalité polynésienne a largement passé les eaux cristallines des atolls du Pacifique pour devenir une aubaine. Depuis plusieurs décennies, profitant du désarroi économique et social d’une population extrêmement précaire (...)

Lire aussi : Quelles sont les particularités de l’adoption en Polynésie française ?
L’adoption des enfants nés en Polynésie française, collectivité d’outre-mer, est une adoption nationale, et non internationale. Cependant, elle bénéficie d’un régime particulier qui intègre la tradition dite de l’enfant fa’a’amu.

La « circulation » des enfants est une pratique traditionnelle en Polynésie : l’enfant n’est pas nécessairement élevé par sa famille biologique, mais plutôt par la personne la plus apte à le faire. Il est donc courant que des parents confient un enfant à un membre de leur famille ou à un proche, en tout cas à quelqu’un de confiance.

La législation française s’applique à la Polynésie. Dans le cas d’un projet d’adoption, cette « circulation » des enfants n’est donc pas autorisée pour un enfant de moins de 2 ans. Quand des parents de naissance décident de confier leur enfant à des parents adoptifs potentiels (en général à la naissance), ils doivent donc le faire dans le cadre d’une délégation d’autorité parentale (DAP) : lorsque l’enfant atteint l’âge de 2 ans, ses parents biologiques peuvent alors signer un consentement à l’adoption.

Cette façon de procéder a malheureusement donné lieu à des dérives (certaines familles peu scrupuleuses ont fait pression sur des jeunes mères pour qu’elles leur donnent leur enfant). De ce fait, la demande de délégation d’autorité parentale se fait désormais après que les services sociaux ont rencontré la mère biologique pour s’assurer qu’elle n’a été l’objet d’aucune pression. En outre, il arrive que ce transfert d’autorité parentale soit refusé par le tribunal de Papeete, le juge considérant qu’il est contraire à l’intérêt de l’enfant.

Bien entendu, si l’enfant est confié aux services sociaux, ce qui est rare, ce sont les services sociaux qui recherchent une famille et l’enfant est confié en vue d’adoption à la fin du délai légal de rétractation des parents de naissance. Les services sociaux polynésiens cherchent aujourd’hui à favoriser cette procédure.