
Où en sont les Zad ? Reporterre est parti pour un tour de France original. Première étape : dans l’Isère, les zadistes de la forêt de Chambaran poursuivent la lutte contre la construction d’un Center Parcs. Ils occupent leur quotidien à faire pousser la vie selon de nouvelles normes.
. 1 - Roybon, la vie dans les bois
C’est une baraque posée en bord de route et qui porte un titre de noblesse. « La Marquise », ainsi que l’ont rebaptisée ses habitants. Auparvant, ses occupants d’alors portaient le sigle de l’Office national des forêts. Aujourd’hui, s’ils partagent le même intérêt pour les bois que leurs prédécesseurs, les nouveaux habitants n’ont rien de fonctionnaires. Ils sont une trentaine à veiller sur la forêt de Chambaran, éparpillés entre la maison de La Marquise, la Barricade Sud, celle du nord, et les cabanes érigées sur des hectares de sylve.
Des squatteurs ? Les membres d’une zone à défendre plutôt. Voici dix ans que le groupe Pierre et Vacances souhaite poser les briques d’un Center Parcs dans la forêt de Chambaran. Le projet d’une bulle géante, chauffée toute l’année à 29 °C au cœur de 200 hectares de forêt. Mais, ralenti par le bras de fer judiciaire mené par l’association de ressortissants locaux Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), qui souhaitent défendre les bois, et les zadistes, qui empêchent ses machines d’acter leur envie de déforestation, le projet peine à voir le jour, et Pierre et Vacances patiente. (...)
La vie dans les Chambaran ne se résume pas qu’à la vie paisible du quotidien. L’opération menée par le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie le 6 juin dernier en témoigne. Le matin de la perquisition, deux habitants du village de Roybon ont été agressés par cinq individus, cagoulés et armés de battes de baseball. L’une des victimes affirme avoir reconnu parmi ses agresseurs l’un des habitants des bois.
« Nous étions par terre, les mains attachées par des liens en plastique »
200 gendarmes auraient été déployés, selon les estimations des zadistes, accompagnés d’un hélicoptère. « Nous étions par terre, les mains attachées par des liens en plastique. Ils ont retourné la Marquise, et en ont profité pour tous nous prendre en photo. » L’ensemble de la Zad a été perquisitionné dans un épisode « quasi-cartoonesque », comme le décrit une habitante (...)