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Rue 89
Le théâtre BlonBa ferme, victime du « Mali de l’autodestruction »
Article mis en ligne le 4 mai 2012
dernière modification le 1er mai 2012

Le dramaturge français Jean-Louis Sagot-Duvauroux attire l’attention sur la fermeture, dimanche, d’un lieu exceptionnel de la capitale malienne, Bamako, BlonBa, structure artistique et culturelle née en 1998. Il nous a transmis ce texte d’Alioune Ifra Ndiaye, le directeur de BlonBa, qui explique sa démarche, sa déception, et ses espoirs.

Quand vous lirez ce texte, la salle et les bureaux de BlonBa, ce lieu culturel qui était devenu en quelques années une institution majeure de la vie bamakoise, auront fermé leurs portes. On ne viendra plus à Faladiè, avenue de l’UA, place BlonBa, pour y passer des soirées d’échanges et d’enrichissement culturels. (...)

Nous avions espéré que les administrations nous accompagneraient de leur bienveillance, qu’elles faciliteraient l’obtention des crédits accordés par l’étranger à la culture malienne et que nous bénéficierions de la protection des lois. Elles se sont acharnées à empêcher l’un et l’autre.

Malgré cet environnement hostile, nous avons trouvé l’énergie de survivre par nous-mêmes, réussi à imposer notre sérieux, notre régularité, notre exigence envers nos partenaires et nous-mêmes. Il nous est arrivé de refuser l’accès de notre salle à un ministre qui ne venait pas à l’heure indiquée de nos spectacles. Non pas par vanité, mais par respect pour le public venu à l’heure. (...)

Des dizaines de techniciens et d’artistes, jeunes pour la plupart, magnifiquement engagés pour le rayonnement de notre pays, trouvaient à travers l’action de BlonBa une source honnête de subsistance.

Nos créations théâtrales ont été présentées au Sénégal, au Bénin, au Togo, au Burkina, en Guinée, en France, au Luxembourg, en Belgique, au Canada. Des centaines de représentations, concerts ou événements festifs ont été programmés dans notre salle pour le bonheur du public bamakois. (...)

Cependant, en l’absence de soutien d’une administration de tutelle oscillant entre l’indifférence et l’hostilité, affaiblis par l’interruption de notre activité durant un redressement fiscal absurde qui a duré 6 mois et par la crise politique actuelle, ni le soutien ponctuel de nos amis, ni l’ardeur de mon équipe, ni la sympathie dont le public et la jeunesse entouraient BlonBa n’ont suffit à nous donner la solidité nécessaire. S’ajoutant à ces handicaps, le coup fatal nous a été donné par Mme Coumba Dembaga, la propriétaire du terrain où BlonBa s’est construit. (...)

Je reconstruirai un nouveau BlonBa encore plus beau, encore plus vivant. Je fais appel à notre Etat pour qu’il accompagne, facilite et protège la reconstruction de cette entreprise qui compte pour le rayonnement et l’élévation de notre patrie.
Si des partenaires étrangers pensent qu’il est bon pour notre société planétaire que la voix du Mali soit entendue et que BlonBa peut y être utile, je les remercie de leur concours. (...)

Les finances nous manquent ? C’est vrai. Nous n’avons pas des milliards, mais nous sommes des milliers. Nous allons créer une société dont chaque Malienne, chaque Malien engagé pour la renaissance du pays pourra devenir co-propriétaire. Et nous inventerons ensemble les mots et les images de notre avenir.

Je mets très vite en place le cadre juridique de cette coopérative audiovisuelle inédite et je fais appel à vous.

Le Mali de l’autodestruction vient de nous montrer sa redoutable efficacité. Nous n’allons pas lui répondre par l’aigreur, mais par l’action. (...)

Ebuzzing