
Entré en contrebande au Brésil il y a quinze ans, le soja transgénique est devenu la planche de salut des agriculteurs brésiliens, mais aujourd’hui cinq millions d’entre eux refusent de payer des redevances sur ces semences au groupe américain Monsanto.
Le soja a été génétiquement modifié dans les années 1990 aux Etats-Unis pour contrecarrer les effets des désherbants. En 1998, les premières semences OGM sont entrées en contrebande au Brésil, via l’Argentine et leur utilisation a été interdite jusqu’à la dernière décennie.
Moins de quinze ans plus tard, la commercialisation de ce soja modifié est non seulement autorisée mais sa culture n’a cessé de gagner du terrain.
(...) Monsanto, le géant américain de l’agrochimie, perçoit des millions de dollars par an pour sa semence certifiée de soja Roundup Ready (RR), résistante à l’herbicide glysophate.
Tout allait bien pour cette culture transgénique controversée la plus rentable du Brésil, dont le chiffre d’affaires a atteint l’an dernier 24,1 milliards de dollars et a représenté 26% des exportations agricoles. Mais il y a quatre ans, cinq millions de grands et petits producteurs brésiliens ont intenté un procès à Monsanto qu’ils accusent de "s’approprier de façon indue" 2% du montant de la vente de leur récolte annuelle. (...)
En avril, un juge régional de l’Etat du Rio Grande do sul (extrême sud du Brésil), Giovanni Conti, a tranché en faveur des producteurs et a ordonné à Monsanto de rendre les royalties perçues depuis 2004, soit au minimum deux milliards de dollars.
Le groupe américain a fait appel. Quelle qu’en soit l’issue, l’affaire devrait être portée devant la justice fédérale en troisième et dernière instance. (...)
Malgré la dispute judiciaire avec Monsanto, le soja transgénique a gagné de l’espace au Brésil en dépit des protestations des écologistes qui dénoncent la destruction d’écosystèmes fragiles et rejettent l’expansion spectaculaire de cette monoculture hautement mécanisée, souvent aux dépens de la forêt amazonienne
La progression de cette culture menace aussi le "cerrado" brésilien, une région de savane de deux millions de km2 qui abrite 5% de la biodiversité mondiale, a prévenu l’ONG environnementale WWF. (...)