
La porte des négociations et du compromis avec les syndicats opposés à la loi Travail n’avait jamais été réellement ouverte mais elle s’est malgré tout brutalement et symboliquement refermée. Tout le monde savait que cela finirait ainsi car le mal dont souffre notre démocratie avec ce gouvernement libéral-autoritaire ne laissait entrevoir aucune rémission, l’issue ne pouvait être que fatale. Le 49.3 a ainsi été appliqué une deuxième fois par le Premier Ministre au nom du peuple français puisque cette disposition est prévue par « notre Constitution qui est la règle que le peuple français s’est donné à lui-même ». Manuel Valls nous a signifié à cette occasion, et avec un cynisme incroyable, toute l’ampleur de notre asservissement volontaire.
Le Premier ministre se sera vautré jusqu’à la fin dans la dramaturgie de ce passage en force. Comme tous les tribuns populistes de droite il aura usé et abusé de la démagogie, allant jusqu’à la caricature. Quand il affirme que « la norme aujourd’hui, c’est la précarité et le CDD. Alors, soit on réforme, soit on accepte le système tel qu’il est. Il faut assumer ce que nous faisons », il donne toute la mesure de la perversité du pouvoir actuel qui s’appuie sur le désarroi et la souffrance pour justifier des réformes préparant le pire.
Actionner le ressort des affects et des émotions plutôt que celui du raisonnement et de l’intelligence est une vieille recette appliquée par tous régimes autoritaires.
Mais la démocratie n’est pas circonscrite à l’enceinte de l’Assemblée nationale. Le peuple aspire désormais à une autre Constitution et à d’autres gouvernants. Le combat contre la loi Travail ne s’est pas terminé avec ce sinistre 49.3 et d’autres batailles seront menées pour lutter contre les régressions sociales, écologiques et démocratiques et pour préparer une alternative. Les forces vives de la contestation vont reprendre leur souffle pendant les vacances. Déjà une nouvelle journée de mobilisation est annoncée pour le 15 septembre.
Pour les imposteurs en place, le répit, le reflux, sera de courte durée ; la colère monte et les prochaines vagues citoyennes finiront tôt ou tard par les submerger.