
La création d’un forum européen des alternatives, dont la première édition se tiendra cette fin de semaine, place de la République à Paris, vient à point nommé.
En effet, les peuples et les forces sociales, syndicales, celles de la transformation sociale et écologiste, sont confrontées à un sérieux paradoxe.
Jamais, sans doute, les citoyens européens n’ont autant rejeté l’actuelle construction européenne et pourtant, jamais il n’y a eu un si grand besoin de construire un espace européen commun face aux défis qu’ils doivent affronter. Des défis communs de ce monde qui ne peuvent trouver de solutions positives sans un nouveau type de coopération européenne solidaire et progressiste. Qu’il s’agisse de la solidarité avec les pays du Sud et des enjeux de l’immigration ou de ceux engendrés par les modifications climatiques, des moyens de contester la toute-puissance des marchés financiers et de résorber la dette des Etats en transformant le rôle de la Banque centrale européenne. Qu’il s’agisse encore, face au chômage et à la précarité de masse, de lancer des projets industriels, agricoles ou de services d’un type nouveaux, s’inscrivant dans une transition environnementale, ou des enjeux que pose la révolution numérique. Qu’il s’agisse tout autant de la préservation de la Paix et de l’indispensable action pour une stabilisation du monde notamment autour de notre mer commune, la Méditerranée. Rien de cela ne pourra se faire si chacun reste ou retourne dans son coin. Ces enjeux réclament un nouveau projet européen. (...)
L’heure est donc à porter les débats sur les moyens de sortir des traités européens nocifs, infligés aux Etats, et considérés par les actuels dirigeants européens comme une sorte d’horizon ultime de ce qu’ils osent encore nommer « démocratie », celle rêvée par M. Juncker, qui n’a pas hésité à déclarer avec cynisme, à l’encontre de nos amis grecs, qu’ « il ne peut y avoir de démocratie contre les traités ». Nous, entre la dette et le respect du suffrage universel, nous choisissons le second. En faisant remarquer que dans aucun traité, il n’a été écrit que le Fonds monétaire international devait décider des politiques des Etats européens en lieu et place des gouvernements. Qu’il avait même été précisé que la Banque centrale européenne ne devait pas faire de politique, alors que la fameuse « Troïka » détermine les politiques antisociales à mettre en œuvre. Mais ça, c’était avant, quand il s’agissait de faire avaliser des traités qui, aujourd’hui, font nager les dirigeants européens en pleine contradiction ! (...)
Le regain des forces nationalistes et xénophobes ne semble pas effrayer l’oligarchie qui, du haut de son Olympe, s’accommode fort bien des discours de repli et de haine proférés un peu partout. Cette oligarchie n’a pour seul ennemi que les forces de transformation sociale qui, à gauche, tentent de frayer un chemin nouveau et d’inventer un modèle de croissance durable, social, et écologique. Ainsi, rien n’est épargné aux éclaireurs de Syriza qui font l’objet d’un acharnement tout néocolonial de la part de leurs créanciers, soutenus par les institutions européennes. C’est contre eux et contre elles que les Grecs ont majoritairement voté. Qu’on respecte ce choix souverain est la moindre des exigences ! Qu’on respecte la voie empruntée par les espagnols qui, avec Podemos, viennent de remporter des succès éclatants aux élections locales ! Qu’on respecte et qu’on écoute, partout où ils s’expriment, les mouvements qui contestent l’austérité européenne et proposent d’autres chemins de sortie de crise ! (...)
La situation actuelle est alarmante. Elle appelle débat et action. En se donnant rendez-vous à Paris en cette fin de semaine, l’Europe du changement espère contribuer à ce que l’espoir ait à nouveau droit de cité dans un continent qui en a bien besoin !