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Le rapporteur de l’ONU Nils Melzer révèle les tentatives du gouvernement britannique d’entraver sa défense d’Assange
Article mis en ligne le 16 février 2020

Lors d’une réunion dans l’église New Church de St.Pancras à Londres lundi soir, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture Nils Melzer a fourni de nouvelles informations sur les efforts du gouvernement britannique et des médias de l’establishment pour entraver sa défense du fondateur de WikiLeaks emprisonné Julian Assange.

Melzer a expliqué que, depuis la publication de ses conclusions en mai 2019 selon lesquelles Assange avait été soumis à une campagne de persécution sans précédent de neuf ans par la Grande-Bretagne, la Suède et les États-Unis, entraînant des symptômes médicalement vérifiables de « torture psychologique », ses enquêtes et recommandations avaient été ignorées. « Les États ont refusé d’enquêter ou d’engager un dialogue sur mes conclusions, même pour répondre aux questions que je suis tenu de leur poser en vertu du mandat qu’ils m’ont donné », a-t-il déclaré.

Le responsable de l’ONU a révélé que dans les coulisses, les autorités britanniques avaient activement cherché à le saboter. (...)

« Ils sont allés voir la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme pour se plaindre de moi. Ils ne semblent pas réaliser que je suis indépendant, je suis nommé directement par le Conseil des droits de l’Homme. Mais l’ambassadeur à Genève semble lui avoir dit qu’il n’était « pas satisfait » de la façon dont je conduis mon mandat. Soit dit en passant, j’ai entendu dire qu’ils avaient également dit à mon employeur à Glasgow qu’ils n’étaient pas trop satisfaits de ma façon de conduire mon mandat. »

Le fait que le gouvernement britannique obstrue simultanément les enquêtes de Melzer et mène apparemment une campagne contre lui, souligne l’illégalité flagrante de toute la vendetta dirigée par les États-Unis contre Assange.

Melzer est employé à l’Université de Glasgow en tant que professeur de droit international, indépendamment de son rôle de fonctionnaire des Nations Unies. La seule raison pour laquelle les autorités britanniques auraient à contacter l’université serait de faire pression sur elle pour qu’elle agisse contre Melzer au sujet de la position de principe qu’il a prise dans l’affaire Assange. Un tel comportement rappelle les attaques des gouvernements britannique et américain contre des experts de l’ONU ayant publiquement condamné les mensonges sur les « armes de destruction massive » lors des préparatifs de l’invasion illégale de l’Irak. (...)

Melzer a noté que si Assange était passible de 175 ans d’emprisonnement sous les chefs d’inculpation américains, les peines maximales infligées aux personnes reconnues coupables de crimes de guerre dans l’ex-Yougoslavie étaient de quarante ans. Assange, cependant, n’avait « ni tué ni blessé personne », il avait simplement publié de vrais documents.

Melzer a répondu aux affirmations selon lesquelles il avait « perdu » sa « neutralité », demandant : « suis-je censé être impartial entre un tortionnaire et celui qu’il torture ? Non. Je suis censé être neutre et objectif dans l’enquête sur une affaire, et ne pas avoir de présomptions avant d’avoir enquêté. Mais une fois que j’ai découvert que quelqu’un a été torturé, je ne suis bien sûr pas neutre. Je vais le défendre. »

Ce n’était pas seulement le gouvernement qui cherchait à saper le soutien à Assange. Melzer a révélé que cela faisait « neuf mois qu’il demandait une interview à la BBC ». Il avait proposé de participer au programme « Hard Talk » pour discuter du cas d’Assange, mais avait été repoussé car on estimait que l’affaire ne serait pas « digne d’intérêt ».

En même temps, les journalistes de la BBC ont continué de calomnier Assange. L’un d’eux avait affirmé le mois dernier qu’Assange avait « échappé à la justice » lorsqu’il avait, en vertu du droit international, exercé son droit de demander l’asile politique à l’ambassade de l’Équateur à Londres en 2012. (...)

Un panel sur les « Implications juridiques, systémiques et de réputation de l’affaire Assange » était prévu mardi à Chatham House. L’éminent institut de politique de Londres avait annulé l’événement sans explication, l’obligeant à déménager au Frontline Club.

Melzer a averti que l’affaire Assange avait révélé un assaut plus général contre les libertés individuelles. « Dès que le pouvoir de l’establishment est menacé, nous n’avons pas l’état de droit », a-t-il déclaré, concluant qu’il était « vraiment urgent » de « renforcer notre voix » dans la défense d’Assange. (...)

Eva Joly a averti que les États-Unis cherchaient à appliquer leurs lois nationales répressives à l’échelle mondiale. Elle a déclaré : « Julian Assange ne doit pas être extradé et seule une mobilisation très massive de gens ordinaires et de gens de la communauté juridique peut l’arrêter, car on a programmé depuis des années qu’il devrait être envoyé aux États-Unis. » (...)

Longstaff a salué Chelsea Manning, la courageuse lanceuse d’alerte, emprisonnée aux États-Unis pour avoir refusé de fournir un faux témoignage contre Assange, comme « l’une des personnes les plus principielles que nous connaissions », et a insisté sur le fait que « nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la libérer également ».

Le père d’Assange, John Shipton, a remercié toutes les personnes présentes et les a encouragées à intensifier la campagne pour la libération de son fils.