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Le pouvoir colonial joue la tension en Kanaky
Aisdpk – Association Information et Soutien aux Droits du Peuple Kanak
Article mis en ligne le 11 décembre 2020

Solidarité avec les protestations en cours en Nouvelle-Calédonie concernant l’usine Vale, dite usine du Sud. L’AISDPK et Kanaky solidarité organisent un rassemblement statique le mercredi 16 décembre de 18h à 19h, sur les trottoirs à l’angle de la rue Oudinot (n° 27) et du boulevard des Invalides, Paris 75007.

Depuis plusieurs semaines, une mobilisation massive est en cours en Kanaky Nouvelle-Calédonie pour défendre la souveraineté du peuple sur ses ressources minières, pour empêcher le pillage de ces ressources par des multinationales et, in fine, pour lutter contre la colonisation toujours en cours.

En décembre 2019, la société Vale Nouvelle-Calédonie, qui exploite l’un des plus grands gisements de nickel du pays et une usine de transformation du minerai, dans la province Sud, a annoncé vouloir quitter le pays et revendre ses parts. L’occasion pour les indépendantistes de faire revenir une partie des ressources minières dans le giron public, afin de garder le contrôle sur la politique de l’entreprise, à l’image du massif de Koniambo dont la province Nord est actionnaire à 51 %.

Mais Vale NC (dirigée par le Français Antonin Beurrier), l’État et les partis anti-indépendantistes en ont décidé autrement. (...)

La mobilisation en soutien au projet d’une « usine pays » et en opposition à la reprise par Trafigura a pris une ampleur sans précédent depuis le mois de septembre. (...)

Ces derniers jours, face au refus total de Vale, de la province Sud et de l’Etat d’étudier sérieusement le projet d’une reprise de l’usine par un actionnariat public, puis suite à l’annonce de la signature d’un accord ferme entre Vale et le consortium Trafigura, les grèves générales, blocages, barrages, manifestations, se sont multipliés. Cette affaire de reprise est devenue emblématique de la domination coloniale de l’Etat et des investisseurs étrangers et c’est contre cela, et pour leur souveraineté, que se battent les Kanak et leurs alliés. (...)

Désormais, le Premier ministre, Jean Castex, et le ministre de l’Outre-mer, Sébastien Lecornu, cherchent à faire peser la responsabilité des « violences » sur les militants indépendantistes, niant le fait que c’est l’État qui nourrit ces mobilisations, par son soutien à la stratégie de Vale et de la province Sud et son refus de négocier une reprise locale et publique de l’usine. Par ailleurs, ce sont les partisans de la Calédonie française, ayant monté des contre-barrages et arborant des drapeaux tricolores, qui brandissent des fusils, sans que les gendarmes à proximité ne réagissent. De même, ce sont les gendarmes français qui ont tiré à balles réelles vers les militants cherchant à pénétrer dans l’usine Vale pour en bloquer la production.

Ce que l’on pourrait désormais appeler « l’affaire de la reprise de Vale » est en réalité une énième tentative de l’État et des anti-indépendantistes de faire obstruction au processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. (...)

la maîtrise des ressources, qu’elles soient minières ou autres, est bien un élément indispensable à la souveraineté d’un pays.

Nombre de pays africains en ont fait les frais, voyant leurs matières premières pillées et bradées par des États étrangers et des multinationales, exportées brutes sans être valorisées sur place, et sans que leurs populations aient un quelconque mot à dire et ne voient l’ombre des bénéfices de ces richesses.

Le collectif Solidarité Kanaky et l’AISDPK soutiennent donc pleinement la lutte menée par les Kanak contre le pillage de leurs ressources et pour leur souveraineté.

Nous dénonçons la position de l’État qui, alors qu’il devrait être engagé dans le processus de décolonisation par les accords de Matignon et de Nouméa, soutient un projet qui va totalement à l’encontre de ce processus et reste sourd aux revendications indépendantistes, poussant Kanaky Nouvelle-Calédonie dans une situation de grande tension.