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Le pouvoir a-t-il un sexe ?
Article mis en ligne le 9 mars 2013

(...) A l’invitation de l’association Lettres du Monde et de la Région Aquitaine, Eliane Viennot, historienne, Mariette Sineau, et Réjane Sénac, politologues sont revenues sur les fondements historiques, les conséquences et l’analyse d’une parité aujourd’hui encore bien imparfaite.

Alors que de nombreuses inégalités de fait entre hommes et femmes sont criantes (salaires, précarité des emplois, violences…) choisir de s’interroger sur l’accès des femmes au pouvoir pourrait a priori paraître secondaire, et c’est d’ailleurs, dans le discours, bien souvent le cas. La raison : « parler des autres luttes de l’égalité homme-femme est beaucoup plus consensuel et pas clivant politiquement » explique Réjane Sénac. (...)
{{A l’inverse, « parler du partage du pouvoir est beaucoup plus transgressif, politique et féministe »}} au regard de ce qu’elle appelle le {{« sexisme constituant ». Celui-ci réside notamment dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, dont les auteurs prenaient bel et bien le masculin au sens stricte du terme.}} La démocratie et la sphère publique ont ainsi été réservées aux hommes, tandis que les femmes ont été contenues dans la sphère privée. (...)
{{Un combat, qui, on l’a compris par l’intervention d’Eliane Viennot, n’est pas celui de la conquête du pouvoir partagé entre hommes et femmes, mais bien plutôt celui d’une reconquête}}. Car{{ l’idée a priori évidente selon laquelle le pouvoir, en France, a toujours été exclusivement masculin est fausse}}, soutient l’historienne. Quelques pages et chapitres manquent à nos manuels scolaires, sur la place des femmes au pouvoir et dans de nombreux domaines... Les femmes de pouvoir ou d’influences sont bien plus nombreuses que les quelques mères régentes que les manuels scolaires veulent bien concéder aux petites écolières. « Quand on regarde l’histoire longue, 22 femmes ont gouverné la France pendant plus de deux ans. Des femmes comme par exemple une certaine Edith Cresson, ne sont donc pas comptabilisées comme femmes de pouvoir. Et certaines y sont restées 20 ou 30 ans… ». Admiration mêlée d’étonnement dans la salle.
« {{Jusqu’au début du 18ème siècle, il existe des lieux de pouvoir beaucoup plus mixtes qu’aujourd’hui}}, de nombreuses "seigneures" à la tête de fief, beaucoup de "donneuses d’ordre" dans la culture, la construction de châteaux, ou encore la pratique de la médecine ». {{Un pouvoir confisqué au fil de la construction de l’Etat moderne dont le summum de la dégradation de la situation de la femme, loi salique comprise, se généralise dans tous les domaines entre le 14ème et le 16ème siècle. }} Bien que cette dégradation ne se soit pas faite sans grands débats, procès, et conflits réels, elle est portée par tout un ensemble de discours et de littératures gageant de l’acceptabilité, voire la nécessité, du monopole masculin du pouvoir face à la prétendue incapacité des femmes. (...)