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mardi, ça fait désordre
« Le plus important c’est de dépasser tous les clivages et de hurler là où il y a besoin de hurler » Entretien avec Barbara Cassin à propos de l’appel des appels Décembre 2009 -Janvier 2010
Samedi 9 janvier 2010
Article mis en ligne le 17 janvier 2010
dernière modification le 16 janvier 2010

Barbara Cassin est philologue et philosophe. Elle est directrice de recherches au CNRS, directrice du Centre Léon Robin de recherches sur la pensée antique

..."on nous impose des réformes tout azimut qui sont basées sur des « valeurs » aberrantes, car ce sont celles qui ont favorisé la crise. Ces réformes sont appliquées à ce que nous connaissons le mieux les uns et les autres, je parle de nos cœurs de métier, non pas de nos privilèges de fonctionnaires —je ne défends pas une boutique, je défends la recherche française. Les réformes, le formatage, sont analogues dans la santé publique, la justice, l’enseignement, l’aide sociale, l’information, la culture. Cette perception transversale est le ciment de l’appel des appels, et elle ne cesse d’étendre ses domaines : la police, les télécommunications, secteur après secteur, c’est toute la société civile qui est touchée …

...Ces réformes interviennent sous couvert de la crise, on les fait passer pour des remèdes, alors que ce qu’elles mettent en pratique fait partie des causes.

A savoir : l’évaluation et son souci de la performance, la segmentation des activités pour mieux quantifier, une langue de bois, la langue des grilles, avec un préchi-précha moralisateur, le tout formant une redoutable machine de guerre contre la possibilité d’exercer au mieux, au service du public, les métiers que nous aimons. Surveillance et auto-surveillance avec expertises déliées du réel, compétition et ranking sur fond de marketing et de « ressources humaines » généralisées, avec souci de rendement maximal à court terme, tout ce qui a contribué à la faillite du système : nous ne sommes pas corporatistes, nous sommes consternés devant l’impossibilité programmée de faire bien ce que nous pouvons faire. Nous ressentons un sentiment d’injustice et d’injustifiable bêtise..."