
La justice s’est prononcée à l’encontre des neuf militants de Greenpeace qui s’étaient introduits, le 5 décembre dernier, dans les centrales nucléaires de Nogent-sur-Seine (Aube) et des deux autres activistes, qui, le même jour, étaient restés cachés quatorze heures durant dans la centrale de Cruas (Ardèche).
Pour les « neuf de Nogent », le tribunal de Troyes s’est déclaré incompétent et a renvoyé l’affaire devant une cour à compétence militaire. Ils ne sont donc pas jugés et peuvent encore être poursuivis. Le procureur de Troyes a dix jours pour faire appel, et trois ans pour décider d’abandonner les poursuites ou de les poursuivre devant une cour à compétence militaire.
Concernant les « deux de Cruas », le tribunal de Privas a prononcé la relaxe, suivant les demandes d’annulation des gardes à vue soulevées lors du procès par l’avocat de Greenpeace. Le procureur a dix jours pour faire appel.
Dans les deux cas, les décisions des juges, fondées uniquement en droit, illustrent bien l’embarras des tribunaux français à juger les militants de Greenpeace sur le fond…
(...) A Troyes comme à Privas, le tribunal a préféré chercher à comprendre pourquoi des citoyens « lambda » ont décidé d’ recourir à une action directe non-violente pour faire passer un message sur le nucléaire. Les réponses des militants, toutes bien argumentées, ont démontré la même chose : nucléaire et démocratie ne sont pas compatibles. Impossible de vraiment se faire entendre et de dénoncer un problème ayant un lien avec le nucléaire en utilisant « seulement » les outils mis à disposition dans notre démocratie.
Pourtant EDF, partie civile au cours des deux procès, avait envoyé son avocat le plus connu pour tenter de faire passer le message inverse. (...)
Les tribunaux ont donc eu une affaire difficile à juger d’autant plus que le Premier ministre a, en quelque sorte, donné raison aux militants de Greenpeace en demandant, suite à leur action à Nogent-sur-Seine et Cruas, un nouvel audit spécifique sur les intrusions dans les sites nucléaires français. (...)