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Le nickel est l’enjeu des tensions en Nouvelle-Calédonie
Article mis en ligne le 15 décembre 2020

Depuis une semaine, la Nouvelle-Calédonie, collectivité française située dans le Pacifique sud, est en proie à de vives tensions. En jeu : la reprise de l’usine de nickel de l’entreprise minière brésilienne Vale. Lundi 7 décembre, de violentes confrontations ont eu lieu à Nouméa. Voitures brûlées, caillassage, un Nouméen qui se rendait au travail raconte : « J’ai vu la fumée, des gros cailloux jonchaient la route, on était bloqués dans nos voitures, j’avais peur de prendre une pierre sur mon pare-brise ». Il a été obligé par les forces de l’ordre de faire demi-tour.

Les tensions se sont alors encore accrues. Les manifestants ont continué les barrages, tandis que d’autres Calédoniens, majoritairement loyalistes, montaient des « contre-barrages ». Durant la nuit de mardi à mercredi, une station-service située au Mont-Dore Sud, sur la commune voisine de Nouméa, a été incendiée. Les usines et les mines sont restées bloquées à travers le territoire. La Serpentine, ce convoyeur qui permet d’acheminer le minerai du site de Kouaoua, sur la côte est du territoire, a été incendiée.

Jeudi 10 décembre, des manifestants ont pénétré dans le site industriel de Vale, classé haut risque industriel, équivalent de Seveso II seuil haut en France métropolitaine. Adélie Garaud Ballande, à la communication de Vale NC, raconte : « Une cinquantaine de militants étaient présents au niveau de l’entrée du site, puis plusieurs personnes se sont introduites en différents points, les gendarmes ont vite été débordés. Nous avons dû arrêter en urgence l’usine d’acide, ce qui n’avait encore jamais été fait, et évacuer près de 300 personnes. » Le site est aujourd’hui « un cimetière de voitures incendiées », des bâtiments ont également été brûlés mais les infrastructures à risque n’ont pas été touchées. « Le GIGN est arrivé et contrôle désormais le site, la situation est actuellement maîtrisée. Les militants sont toujours là mais ils ont dû se retrancher », décrit-elle. Aucun blessé n’est à déplorer mais les gendarmes ont dû utiliser leurs armes et des coups de feu ont été tirés. « Il y avait un risque industriel très grave. On parle de produits chimiques, d’acide, de possibilité d’explosion ! » (...)

La population veut son mot à dire (...)

Samedi 12 décembre, les mobilisations se sont calmées, les barrages ont été levés. « Notre demande est très simple », explique M. Forrest. « Nous sommes dans un processus de décolonisation, dans la phase critique de l’accord de Nouméa et il faut absolument que les intérêts de la population concernée soit au centre des décisions. » Car au-delà du rachat de l’usine, la question de l’indépendance du pays est au centre des mobilisations. Le 4 octobre dernier, le deuxième référendum sur l’indépendance a été remporté par les non-indépendantistes avec 53,3 %. Ce résultat illustre bien la coupure entre deux parties de la population. Le troisième référendum, le dernier prévu par l’accord de Nouméa, devrait avoir lieu d’ici 2022. (...)

La journée s’est terminée avec 47 interpellations et huit blessés.

Les manifestants ont répondu à l’appel du collectif Usine du sud = usine pays et de l’Instance coutumière autochtone de négociation (Ican). Ces deux groupes, soutenus par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), sont mobilisés depuis plusieurs semaines autour de la question de la reprise de l’usine du Sud, adossée au gisement de Goro, un des principaux gisements de nickel du territoire. (...)

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde, a pris la décision d’annuler les festivités de Noël, les spectacles gratuits quotidiens et la fête de la lumière, qui sont pourtant suivis par de très nombreux Nouméens chaque année. Le cœur n’est pas à la fête.