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UNICEF
Le monde reste un endroit violent et fortement discriminatoire envers les filles
Article mis en ligne le 8 mars 2020

Vingt-cinq ans après la conférence historique de Beijing sur les femmes, la violence à l’encontre des femmes et des filles demeure non seulement courante, mais acceptée.

Jamais il n’y a eu autant de filles scolarisées ou en mesure de poursuivre leur scolarité dans le monde. Pourtant, ces remarquables avancées dans le domaine de l’éducation n’ont eu que peu d’effet sur l’émergence d’un monde plus égalitaire et moins violent envers le sexe féminin, selon un nouveau rapport publié ce jour par UNICEF, Plan International et ONU-Femmes.

Ce rapport, publié à la veille de la 64e session de la Commission de la condition de la femme, montre que le nombre de filles déscolarisées a reculé de 79 millions ces 20 dernières années. Dans les faits, cela fait moins de dix ans que les filles sont plus susceptibles de fréquenter l’enseignement secondaire que les garçons.

Et pourtant, la violence à l’égard des femmes et des filles demeure un phénomène courant. En 2016, par exemple, 70 % des victimes de traite identifiées dans le monde étaient des femmes ou des filles, pour la plupart à des fins d’exploitation sexuelle. Une proportion effarante de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans – 1 sur 20, soit environ 13 millions – a subi au cours de sa vie un viol, c’est-à-dire l’une des formes d’abus sexuel les plus brutales que l’on puisse endurer en tant que fille ou femme. (...)

Aujourd’hui, il est effrayant de constater que les filles sont partout confrontées à des risques de violence – en ligne, à l’école, à la maison et au sein de leur communauté –, des violences dont elles gardent des séquelles physiques, psychologiques et sociales. Selon les conclusions du rapport, des pratiques nuisibles telles que le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines continuent de déstabiliser et de ruiner la vie et le potentiel de millions de petites filles à travers le monde. Chaque année, 12 millions de filles sont mariées durant leur enfance, et 4 millions risquent de subir des mutilations génitales. Il n’en reste pas moins qu’à travers le monde, les filles âgées de 15 à 19 ans sont tout aussi susceptibles de justifier le fait de battre sa femme que les garçons du même âge.

Troubles alimentaires, troubles psychologiques

Le rapport pointe également des tendances préoccupantes chez les filles dans le domaine de la nutrition et de la santé, tendances pour la plupart inimaginables il y a 25 ans. À titre d’exemple, la mondialisation, l’effacement des régimes traditionnels devant une alimentation transformée et malsaine, et l’essor rapide de techniques de marketing agressives ciblant les enfants ont entraîné une hausse de la consommation d’aliments mauvais pour la santé et de boissons édulcorées. Ces évolutions ont contribué à une explosion du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents. Entre 1995 et 2016, la prévalence du surpoids chez les filles âgées de 5 à 19 ans a quasiment doublé pour passer de 9 % à 17 %, et l’on compte aujourd’hui près de deux fois plus de jeunes filles en surpoids (155 millions) qu’en 1995 (75 millions).

En parallèle, ces 25 dernières années, se sont développées les préoccupations liées aux troubles psychologiques, en partie causés par l’usage excessif des technologies numériques. Selon le rapport, le suicide est à l’heure actuelle la deuxième cause de mortalité chez les adolescentes de 15 à 19 ans, derrière les pathologies maternelles. Les jeunes filles demeurent également très exposées aux infections sexuellement transmissibles, dont le VIH, avec lequel vivent aujourd’hui 970 000 adolescentes âgées de 10 à 19 ans, contre 740 000 en 1995. Les filles de cette tranche d’âge continuent d’ailleurs de représenter environ 3 nouvelles infections sur 4 chez les adolescents dans le monde.

Le rapport appelle à agir dans les domaines suivants :

  • Valoriser et élargir les opportunités offertes aux filles, sans distinction d’origine géographique ou ethnique ni de statut socioéconomique, pour leur permettre de devenir d’ambitieuses et audacieuses actrices du changement et créatrices de solutions – faire peser leur voix, leurs points de vue et leurs idées dans les dialogues, plateformes et processus au sujet de leur corps, de leur communauté, de leur éducation et de leur avenir ;
  • Accroître les investissements dans les politiques et les programmes pour déployer à grande échelle des modèles prometteurs de progrès pour et avec les adolescentes, en phase avec la réalité du monde actuel, à commencer par l’acquisition de compétences adaptées à la quatrième révolution industrielle et un mouvement générationnel visant à mettre fin aux violences liées au genre, au mariage des enfants et aux mutilations génitales féminines ;
  • Accroître les investissements dans la production, l’analyse et l’utilisation de données et de recherches de grande qualité, ventilées par tranche d’âge et par sexe, dans des domaines où les connaissances sont limitées, telles que les violences liées au genre, l’acquisition de compétences utiles au XXIe siècle, la santé mentale et la nutrition chez les adolescents.