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Le monde d’après ne se fera pas sans les peuples dits d’Outremer
Article mis en ligne le 17 août 2020

Alors que se tiendra le 27 août 2020, le procès de militants anti-chlordécone en Martinique, des acteurs et collectifs de la société civile, appellent à une mobilisation le 23 août pour une « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ». Ils exhortent à « en finir avec l’arrogance et le déni de responsabilité » de l’État français.

Un empoisonnement à l’origine de conséquences gravissimes et irréversibles tant sur le plan sanitaire (record mondial de cancer de la prostate, prématurité, retard de développement psychomoteur chez les enfants, endométriose sévère, …) qu’écologique (rémanence de 7 siècles dans les sols, …), économique (zone de pêche interdite, sols impropres à la production agricole…), social (perte de revenus, chômage…) et culturel (méthode de culture des potagers privés remise en cause, alimentation traditionnelle en péril...).

Un empoisonnement consécutif au système de profit mis en place par de grands planteurs issus des familles esclavagistes qui bâtirent leur fortune à l’ombre du CODE NOIR de Colbert. Un empoisonnement criminel qui aura duré des décennies avec la complicité de l’État français accordant des dérogations pour un pesticide interdit en France.

Nous, acteurs et collectifs de la société civile, apportons notre soutien aux militants violentés et harcelés par les forces de l’ordre. Nous nous mobiliserons en France le 23 août prochain, « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ». Cette date a été retenue par l’UNESCO en mémoire du soulèvement général des Africains esclavisés à Saint-Domingue après la cérémonie de Bois Caïman du 14 août 1791. Elle a également été inscrite par le Sénégal comme Journée internationale en mémoire des soldats africains venus libérer la France ( “Tirailleurs Sénégalais” ), dont nul ne devrait oublier que plusieurs centaines, pour des motifs sordides, furent massacrés à Thiaroye le 1er Décembre 1944 par l’Armée française.

Liberté, Egalité, Dignité sont les exigences qui ont fédéré à Bois-Caïman. Nous sommes présents pour raviver ces valeurs. (...)

Un constat, un rappel, une sommation (...)

Jamais la France n’a été aussi riche, mais ses habitants se paupérisent

Et c’est encore plus vrai pour les populations afrodescendantes et/ou originaires des anciennes colonies. (...)

« La pauvreté est encore renforcée par un coût de la vie particulièrement élevé. En raison de la faiblesse des productions locales et de l’importance du marché de l’importation tenu par un oligopole de la grande distribution, les produits de consommation sont plus coûteux Outre-mer. (…). » (...)

Des populations ignorées, méprisées, et violentées lorsqu’elles osent dénoncer un monopole absolu

Malgré une forte répression policière (souvent mortelle), judiciaire et étatique, dès le 19è siècle, plusieurs mouvements sociaux et politiques se sont élevés dans tous les DROM-COM d’aujourd’hui pour dénoncer ces inégalités sociales et l’application d’un droit dérogatoire résultat de pratiques coloniales qui influent sur la gouvernance publique.

Nous le savons, les sociétés « ultramarines » ont été fondées dans le contexte de l’idéologie raciste. Où notamment, les békés, descendants des premiers colons esclavagistes – une minorité représentant par exemple, à peine 1% de la population Martiniquaise – ont maintenu (avec le concours de l’État) leur position en tant qu’élite économique et sociale et l’étendent dans quasiment tous les DROM-COM. (...)

Pour en finir avec l’arrogance et le déni de responsabilité, une révision de l’iconostase s’impose (...)

NON Monsieur le Président Macron, ce n’est ni Colbert, dont la statue trône devant l’Assemblée Nationale, ni Victor Schœlcher, dont les statues ont été déboulonnées à la Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, qui ont fait « la grandeur de la république ». Le premier est l’initiateur du Code Noir par l’Édit de 1685 qui institutionnalise le crime contre l’humanité qu’est l’esclavage colonial, le racialise, et intègre une déshumanisation des personnes noires esclavagisées, catégorisées à l’article 44 en « biens meubles ». Le second, élu d’une République qui a constitutionnalisé le crime, a contribué à une abolition qui ne fut qu’un affranchissement général puisqu’assorti, dans les mois suivant, de mesures liberticides pour les nouveaux libres, et d’une indemnisation des colons esclavagistes (loi du 30 Avril 1849). Ainsi rétribués pour leur crime passé, ils ont été confortés dans la perpétuation de leur domination économique sans partage.

Monsieur le Président, ce sont les captifs eux-mêmes, par leurs incessantes révoltes, occultées dans le discours national français, qui ont insufflé les courants abolitionnistes, et forgé la pensée des droits humains universels (cf. Anton Wilhelm Amo, Olaudah Equiano, Frederick Douglass, Joseph Anténor Firmin etc.).

Là où vous réduisez stratégiquement les atteintes aux statues à des « actes de vandalismes », nous vous affirmons qu’il s’agit d’interpellations politiques. (...)

Force est de constater que l’Etat français ne respecte pas ses engagements internationaux dont la Recommandation générale 34 du CERD de 2011 relative à la lutte contre les discriminations envers les personnes d’ascendance africaine. (...)

Le Monde actuel s’est bâti sur la négation de l’humanité de nos ancêtres et au prix de leur sang.

La déclaration des droits de l’homme de 1789, excluait de fait, femmes et populations noires. Mais c’est avec elles que l’avenir s’écrit. (...)