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Le label « Zéro résidu de pesticides » : du mieux, mais pas bio
Article mis en ligne le 3 mars 2018
dernière modification le 2 mars 2018

Présent au Salon de l’agriculture, le collectif Nouveaux Champs a lancé récemment son label, le Zéro résidu de pesticides. L’objectif de ce dispositif est séduisant, mais les moyens pour y parvenir posent question.

79 % des personnes interrogées pensent que ce qu’ils mangent peut nuire à leur santé, selon un premier sondage. 93 % d’entre elles estiment, selon un second sondage, que la présence de pesticides dans leurs aliments est dangereuse. C’est de ces chiffres sans appel et d’un constat plus général de méfiance des consommateurs envers l’industrie agroalimentaire qu’est né le label Zéro résidu de pesticides, ou ZRP. Lancé en avril 2017 par l’organisation de producteurs Les paysans de Rougeline, il est aujourd’hui porté par le collectif Nouveaux champs, dont la naissance a été officialisée à Berlin, le 7 février dernier. (...)

L’objectif est en fait de proposer une troisième voie, entre agriculture conventionnelle et biologique. « L’offre bio, c’est quoi ? 5 ou 6 % pour le moment, estime Gilles Bertrandias. Elle va peut-être doubler dans les années qui viennent, mais ça ne fera toujours que 10 ou 12 %. Si l’on veut que les consommateurs puissent mieux se nourrir, il faut aussi améliorer le reste de l’offre c’est-à-dire le marché du conventionnel. » Faire concurrence au bio ? Pas du tout, répondent les membres de Nouveaux Champs. Plutôt être complémentaire en matière de quantité de produits disponibles et de prix plus accessibles. (...)

L’épandage de pesticides est réduit, mais il existe quand même. L’objectif est seulement qu’il n’y ait plus de traces au moment de la récolte. Il peut donc être fait sous certaines conditions : en petite quantité et très en amont. Les substances de la liste rouge sont celles qui disparaissent le plus rapidement des fruits et légumes, tandis que les noires sont celles qui subsistent. (...)

Les fruits et légumes produits ne présentent pas « zéro résidu de pesticides » mais jusqu’à 0,01 milligramme
Deuxième problème : le label enjolive la réalité. Les fruits et légumes produits ne présentent pas « zéro résidu de pesticides » mais jusqu’à 0,01 milligramme (ou 10 microgrammes par kilo). « C’est écrit sur leur communiqué de presse mais ce qu’on voit en gros, c’est le zéro, note François Veillerette. Cela me choque parce que les consommateurs ne vont pas comprendre cette information. On ne parle que des résidus quantifiés, et pas détectés, qui sont potentiellement bien plus importants. En dessous de 10 microgrammes, on ne sait rien. Et les laboratoires indépendants avec lesquels ils travaillent n’ont aucun intérêt à optimiser leurs limites de quantification, ils veulent juste satisfaire leur client. » (...)