
(...) Plusieurs fois par semaine, le collectif Les Midis du Mie organise des distributions de déjeuners pour les mineurs étrangers isolés dans le jardin de la rue Pali-Kao, dans le 20 ème arrondissement de Paris. Ces rendez-vous sont aussi des moments indispensables pour ces jeunes perdus dans leurs démarches administratives, qui parlent parfois peu le français, et qui ne connaissent personne dans la capitale. Les bénévoles du collectif peuvent ainsi les identifier, les aiguiller et venir en aide aux plus fragiles. Reportage.
Depuis plus de deux ans, le collectif des Midis du Mie - qui compte désormais plus d’une centaine de membres à Paris - s’occupe des mineurs non accompagnés, des jeunes et des très jeunes souvent perdus administrativement - ou linguistiquement - dans la capitale parisienne. Certains sont livrés à eux-mêmes, seuls, sans endroit où dormir. D’autres ont un toit mais sont peu accompagnés dans leurs démarches. D’autres encore sont "presque tirés d’affaire" mais profitent de ce moment pour rencontrer d’autres jeunes au parcours similaire, jouer au foot, ou encore aider ceux qui ne parlent pas encore bien français.
Ici, dans le jardin de la rue Pali-Kao, il ne s’agit donc pas seulement de manger. Ce "spot", comme l’appelle Agathe, est aussi le point d’ancrage de ces mineurs étrangers. Organisés tous les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, ces déjeuners permettent aux bénévoles d’identifier les nouveaux arrivants, de repérer les plus fragiles, de les conseiller, de les rassurer et surtout de les suivre sur le long-terme. (...)
Des jeunes refoulés du Demie 75, chargé d’évaluer leur âge
Tous traversent des situations extrêmement difficiles. Pour la grande majorité, ils ont été refoulés par le Demie 75, le dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers, géré par la Croix-Rouge. C’est cette structure qui évalue leur âge et transmet, ou non, leur dossier à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) - le seul dispositif en France chargé de leur prise en charge.
Souvent, certains jeunes mineurs sont jugés majeurs par le Demie et se retrouvent donc à la rue, sans solution. Dans ce cas, la loi les autorise à faire un recours en justice. Mais encore faut-il savoir comment s’y prendre.(...)
En février, Les Midis du Mie ont comptabilisé 111 jeunes qui se sont déclarés mineurs et qui ont été refoulés. Mais pour Agathe, il y en a sûrement "le double" : "on ne les connaît pas tous, certains dorment dans des parkings à La Défense, dans la gare routière de Bercy ou à Gare du Nord". Sur l’ensemble du territoire français, le nombre de ces mineurs a triplé en deux ans pour s’établir à 40 000 pris en charge fin 2018, d’après l’assemblée des départements de France (ADF) qui réclame un investissement croissant de l’État pour faire face à des centres inadaptés et saturés.(...)
Le collectif tente, tant bien que mal, de faire loger les jeunes dans cette situation. Une cagnotte finance chaque mois trois chambres double à l’hôtel. Un système d’hébergement citoyen, piloté par le collectif, permet également d’en loger une centaine. "Sans ça, pour eux, c’est la rue", affirme Agathe. Ces jeunes se déclarant mineurs, ils ne sont en effet pas pris en charge par le 115 (...)