
Le gouvernement propose de réintroduire l’obligation de livrer, pour une personne sous surveillance, ses identifiants. Un amendement au projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme a été déposé en ce sens.
Adopté en première lecture par le Sénat au mois de juillet, le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme doit maintenant être examiné par les députés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que certains élus entendent profiter de ce texte pour obtenir un durcissement de la législation, que ce soit au sujet du chiffrement ou des sanctions visant les hébergeurs.
C’est aussi le cas du gouvernement, qui profite du passage du projet de loi devant la chambre basse pour demander que l’on conserve les boîtes noires plus longtemps. Et cela, alors même qu’elles n’ont pas été évaluées — mais pouvaient-elles l’être, dans la mesure où elles ne sont pas encore actives en France ? Il profite aussi de l’examen à l’Assemblée nationale pour réintroduire une mesure supprimée par le Sénat.
RETOUR DE L’OBLIGATION
Il s’agit de l’obligation de déclarer ses identifiants aux autorités (les mots de passe ne sont pas concernés) pour les personnes faisant l’objet d’une mesure individuelle de contrôle et de surveillance. Cette exigence, défendue par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, revient donc dans un amendement qui a un autre objectif, celui de modifier le champ des interdictions d’entrer en relation. (...)
Ce que la future loi antiterroriste prévoit pour les données persos et le matériel informatique
Dévoilé cette semaine dans la presse, l’avant-projet de loi destiné à « renforcer la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure » consiste essentiellement à pérenniser les dispositions exceptionnelles de l’état d’urgence dans le droit commun. Le texte contient sans surprise des mesures pour la sphère numérique et les communications électroniques. Il est par exemple question d’obliger les personnes visées par l’administration à livrer leurs identifiants électroniques, comme sur Facebook et Google, et de procéder à l’interception et l’exploitation des communications passant « exclusivement » par la voie hertzienne. Le document contient également des mesures diverses, notamment aux articles 6 et 7, en vue de créer des traitements de données. (...)
Et le juge judiciaire dans tout ça ? Il est mis sur la touche. Si le texte de loi précise « qu’à compter de la saisie, nul n’a accès [aux données et aux supports saisis] avant l’autorisation du juge », il est précisé quelques lignes plus loin que « l’autorité administrative demande, dès la fin de la perquisition, au juge des référés du tribunal administratif d’autoriser leur exploitation ». (...)