
L’Agence européenne des produits chimiques, qui donne un poids déterminant aux tests fournis par les industriels, estime que l’herbicide controversé ne présente pas de danger majeur pour la santé.
Comme en 2017, l’EChA estime que le glyphosate n’est ni cancérogène, ni mutagène, ni toxique pour la reproduction, que ce soit de manière avérée (niveau de preuve le plus élevé) ou seulement supposée (niveau de preuve intermédiaire).
L’avis de l’EChA était déterminant pour l’avenir du glyphosate. Si l’agence européenne, basée à Helsinki, avait classé le célèbre herbicide dans l’une ou l’autre de ces catégories, celui-ci n’aurait pu être réautorisé à l’issue de l’expiration de sa licence, fin 2022. La réglementation européenne interdit en effet, théoriquement, l’arrivée sur le marché des pesticides répondant à ces critères de danger (cancérogène, mutagène ou reprotoxique). Ainsi, l’EChA ne juge le produit dangereux que pour les yeux des utilisateurs et toxique pour les organismes aquatiques – deux caractéristiques n’entraînant pas le rejet automatique de la demande d’autorisation. (...)
Prochaine étape : l’avis de l’autre agence européenne impliquée dans le processus, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Cette évaluation des risques inhérents à l’utilisation du glyphosate – pour les travailleurs, les consommateurs et l’environnement –, initialement attendue pour le courant du second semestre 2022, a été repoussée à juillet 2023 en raison du grand nombre de commentaires critiques reçus par l’EFSA sur le rapport d’expertise préliminaire, de la part de la société civile et des Etats membres.
En attendant, la controverse scientifique sur les dangers de la substance ne faiblit pas. L’avis rendu par l’EChA est toujours en contradiction avec celui du Centre international de recherche sur le cancer, qui a estimé, en mars 2015, que le glyphosate devait être classé « cancérogène probable pour l’homme ». (...)
Les divergences se sont même accentuées avec la publication, en juin 2021, de l’expertise collective « Pesticides et Santé », de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). (...)