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Le Monde
Le fiasco du train à grande vitesse britannique
Article mis en ligne le 24 novembre 2021
dernière modification le 23 novembre 2021

Hors de prix, très en retard, l’extension de la branche prévue vers Leeds ne sera pas construite.

Le premier plan sérieux d’un train à grande vitesse entre Londres et le nord de l’Angleterre a été préparé par le gouvernement britannique en 2009. Il était annoncé à un coût de 36 milliards de livres sterling (42,8 milliards d’euros, au cours actuel). Rapidement, la facture s’est envolée : 50 milliards de livres, puis 88 milliards et, enfin, 106 milliards, voire peut-être, selon l’un des auteurs d’une étude controversée, 170 milliards… La livraison du projet n’en finissait pas non plus d’être reportée, les années 2040 étant régulièrement évoquées pour la pose du dernier kilomètre de rail.

Jeudi 18 novembre, le premier ministre, Boris Johnson, a décidé de limiter la casse. L’ambitieux projet de la construction de cette ligne à grande vitesse a finalement été revu à la baisse. (...)

Trop chère et trop distante dans le temps, a tranché le chef du gouvernement. (...)

A la place, il promet d’investir dans l’électrification des lignes existantes dans le Nord, qui fonctionnent encore avec de vieux trains diesel. « C’est peut-être moins glamour, mais c’est plus important », observe M. Johnson. Le projet revu à la baisse devrait quand même coûter 70 milliards de livres, avec une première mise en service entre Londres et Birmingham à partir de 2029, et une livraison finale entre 2035 et 2040. (...)

Comment le Royaume-Uni, pionnier mondial du train (la première locomotive à vapeur date de 1804, au Pays de Galles), se trouve-t-il tant à la traîne au niveau de son réseau ferroviaire ? « C’est comme si les victoriens avaient développé le train à l’Ouest, mais gardé le réseau de canaux dans l’est du pays », s’agace Andrew Adonis, l’ancien ministre travailliste des transports, qui a développé le premier projet de 2009.

Boris Johnson avait fait du « rééquilibrage » du pays vers le Nord une priorité, et cette décision est considérée comme un reniement de sa promesse. Même ses propres troupes s’en irritent : le député conservateur Robbie Moore, dont la circonscription devait être desservie, se dit « profondément déçu ». (...)