
Venus en convoi de véhicules des quatre coins de la France, des milliers d’opposants au passe vaccinal, également sensibles à la hausse des prix et aux libertés publiques, ont tenté samedi d’entrer dans la capitale. En vain. La préfecture avait déployé un imposant dispositif policier.
Le premier ministre Jean Castex avait prévenu : « S’ils bloquent la circulation ou s’ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme. » Partis de Lille, Nice, Quimper ou Strasbourg, plus de 3 000 véhicules ont convergé vendredi 11 février soir sur Paris. Leur objectif ? Bloquer la capitale le samedi.
Ce rassemblement, baptisé « convoi de la liberté », s’est constitué sur le modèle du mouvement des camionneurs canadiens qui paralysent Ottawa depuis fin janvier pour dénoncer la vaccination obligatoire les concernant. Les manifestant·es du convoi tricolore exigent pour leur part le retrait du passe vaccinal et défendent des revendications autour du coût de l’énergie ou encore du pouvoir d’achat. (...)
Mais le préfet de police Didier Lallement a interdit leur manifestation au cœur de Paris et déployé 7 200 agent·es des forces de l’ordre à travers la ville. Des blindés de la gendarmerie ont même été postés autour des Champs-Élysées. Dans ce secteur et sur le périphérique parisien, 300 verbalisations pour « participation à une manifestation non autorisée » ont été dressées dans la matinée du samedi 12 février, selon la préfecture. 450 véhicules, que la police a jugés comme faisant partie du « convoi de la liberté », ont été interceptés à la Porte de Saint-Cloud.
Le spectre des « gilets jaunes »
Le plus important groupe Facebook estampillé « Convoi de la liberté » dénombre près de 370 000 membres. Centrée originellement sur « les restrictions sanitaires » liées au Covid-19, la mobilisation a agrégé d’autres revendications telles que le prix de l’essence à la pompe, l’abrogation de la loi Sécurité globale, la suppression de l’état d’urgence et la réintégration des personnels soignants suspendus à la suite de leur refus de la vaccination.
L’une des principales figures du mouvement, Rémi Monde, a appelé « tous les gilets jaunes » à rejoindre les convois en partance pour Paris. (...)
Emmanuel Macron, questionné vendredi 10 février par Ouest-France sur ces convois, a déclaré : « J’en appelle au plus grand calme. » Le lendemain, François Bayrou, Haut-Commissaire général au plan depuis 2020 et soutien du président de la République, a dit voir dans ces convois « un mouvement de sécession d’une partie du pays, qui ne comprend pas, ne se retrouve pas et a un désir de révolte ». Dans la même veine, Geoffroy Didier, directeur de la communication de Valérie Pécresse, a qualifié ce convoi de « convoi des provocateurs ».
La gauche a semblé, quant à elle, espérer à travers le « convoi de la liberté » un rebond du mouvement des gilets jaunes de 2018, tout en se montrant relativement prudente. Sur le plateau télévisé de France 2 le 10 février, Jean-Luc Mélenchon a affirmé : « Voilà des gens qui se mettent en mouvement et qui portent des revendications similaires aux miennes : baisse des prix des carburants, augmentation du pouvoir d’achat, mettre fin au passe vaccinal. Je ne peux que soutenir ça. » Avant de glisser : « Je vais voir comment tout ça se met en place. »
Côté écologiste, Sandrine Rousseau a indiqué qu’il fallait « entendre » ce mouvement. Le candidat d’extrême gauche à l’élection Philippe Poutou, tout comme Ian Brossat, directeur de campagne du communiste Fabien Roussel, a pour sa part assuré comprendre la colère sociale des manifestant·es et souligné ne pas approuver les discours antivaccins portés par la mobilisation.
Enfin, à l’extrême droite, le Rassemblement national, les proches d’Éric Zemmour ou encore Florian Philippot ont tous affiché leur soutien au « convoi de la liberté », brocardant au passage le président de la République, à l’instar de Marine Le Pen, qui a lâché : « C’est quand même le candidat qui démarre la campagne avec des blindés. » (...)
Malgré l’imposant dispositif policier, quelques membres du « convoi de la liberté » sont parvenu·es à défiler à pied ou en voiture sur les Champs-Élysées en début d’après-midi, samedi 12 février. Cette petite foule a été violemment dispersée par les forces de l’ordre à l’aide de gaz lacrymogène. Quarante-quatre personnes ont été interpellées.
Après cette journée, le « convoi de la liberté » est censé rejoindre Bruxelles lundi 14 février pour une « convergence européenne », avec des véhicules qui pourraient partir d’Autriche, du Portugal ou encore des Pays-Bas. Mais les autorités belges ont déjà prévu de leur interdire l’accès à la capitale.
Le #convoisdelaliberte sur les #ChampsElysees
Un dispositif passoire et peu de manifestants. Des lacrymos au milieu de la circulation ouverte. Des allers-retour constant pour essayer de dégager les manifestants qui revenaient toujours.
Un forme d'échec généralisé@Politis_fr pic.twitter.com/ZQxDATAO5a— Maxime Reynié Sirvins (@MaximeReynie) February 12, 2022
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Près de 7 200 policiers et gendarmes étaient mobilisés samedi 12 février pour faire respecter l’interdiction des convois de véhicules dans les rues de la capitale. La préfecture maintient son dispositif jusqu’à lundi. (...)
Il faudra donc donc tout revoir dans la police de la cave au grenier .. sans déconner les gars gars vous avez pas honte à cinq sur une jeune femme.. https://t.co/EcYcEC7HSv
— Yvan Le Bolloc'h (@YLeBolloch) February 12, 2022
— MagicBoulette (@MagicBoulette) February 12, 2022
ALERTE - Les blindés sont mis en position sur les #ChampsÉlysées après plusieurs heures d’incidents. #convoisdelaliberte pic.twitter.com/2ptCSShYKo
— Clément Lanot (@ClementLanot) February 12, 2022
Il s’agit du drapeau d’un groupe identitaire angevin nommé Alvarium dissous par le ministère de l’intérieur il y a quelques semaines. https://t.co/4hH06AH1FH
— Théo Laubry 🇺🇸 (@TheoLaubry) February 12, 2022