
Nous publions ci-dessous une lettre ouverte des syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes à Emmanuel Macron, « à propos de la situation de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, toujours détenu au Royaume-Uni. » (Acrimed)
Monsieur le Président,
Les syndicats français de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes), membres de la Fédération internationale des journalistes (FIJ, 600 000 adhérents dans le monde), souhaitent attirer votre attention sur le cas de notre confrère Julian Assange, dont la santé est gravement menacée, alors qu’il se trouve détenu à l’isolement dans une cellule de la prison de haute sécurité de Belmarch, au Royaume-Uni.
La France - patrie des droits de l’Homme - ne peut ignorer le traitement inhumain subi par ce journaliste, victime de « torture psychologique », selon les propos du rapporteur spécial de l’Onu sur la torture, Nils Melzer, lors d’une audition au Parlement européen le 14 novembre dernier. Déjà, la publication du rapport de M. Melzer, établi après une visite en mai dernier à la prison londonienne en présence de deux médecins, ne laissait aucun doute sur les risques pour la santé physique et psychologique de Julian Assange, fondateur de Wikileaks. Ces conditions de détention, indignes d’un Etat membre de l’UE et du Conseil de l’Europe, violent d’ailleurs la Convention d’Istanbul.
Lors de cette même audition, John Shipton, le père du journaliste australien, a confirmé le « stress psychologique » que subissait son fils, dénonçant ce cas « très préoccupant » pour les libertés dans l’Union européenne.
A cette situation dont souffre notre confrère, vient s’ajouter la question cruciale de la possible extradition de Julian Assange du territoire britannique vers les Etats-Unis, comme réclamée par la justice américaine. (...)
Nous vous appelons, Monsieur le Président, à faire respecter par toutes les parties impliquées les garanties inscrites dans les principes de l’Union européenne, notamment le respect de l’article 10 de la Convention européenne, qui stipule : « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière ». (...)
Julian Assange a dénoncé dans ses publications des crimes de guerre condamnés par la Convention de Genève. Aujourd’hui, c’est lui qu’on voudrait emprisonner, qu’on voudrait faire taire.
Les Etats-Unis doivent renoncer à leur demande d’extradition et mettre un terme aux poursuites pour espionnage engagées contre Julian Assange. Nous considérons que cette affaire constitue l’une des plus graves atteintes contre la liberté de la presse, contre les libertés publiques commises au sein de l’UE. La FIJ, les syndicats français et leurs confrères australiens ont lancé une motion pour saisir de cette grave affaire le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ainsi que le Parlement européen et le Conseil de l’Europe.
M. le Président, nous en appelons à votre arbitrage auprès des autorités britanniques et des Etats-Unis, afin que cessent ces intolérables manquements à la démocratie.
Nous vous prions d’agréer, M. le Président, l’expression de notre haute considération.
Pétition :
LIBERTÉ POUR ASSANGE, JOURNALISTE, PRISONNIER POLITIQUE. APPEL AU GOUVERNEMENT BELGE
« Je suis sans défense et je compte sur vous pour me sauver la vie », a déclaré Julian Assange. (...)
Citoyens, journalistes, artistes, organisations de défense des droits fondamentaux, nous voulons défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse, et notre droit de savoir.
Nous demandons la libération immédiate de Julian Assange, la préservation de sa santé et de son intégrité, le respect de ses droits fondamentaux.