
Alors que cette fin d’année est cruciale pour l’orientation de la pisciculture avec la mise en place d’un programme opérationnel et d’un plan de filière pour les prochaines années, une vingtaine d’associations et une cinquantaine de personnalités plaident pour une meilleure prise en compte du bien-être animal et rappellent les enjeux de la pisciculture dans ce domaine.
Au niveau mondial, les poissons représentent la majorité des animaux vertébrés d’élevage abattus pour la consommation. En outre, plus de la moitié de la chair de poisson consommée provient des fermes aquacoles marines et d’eau douce. En constante expansion, le secteur mondial affiche une croissance de 7 % par an. L’Union européenne, plus gros importateur de poissons au monde, en a abattu elle-même entre 562 millions et 1 260 millions en 2017 dans ses élevages.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments reconnaît aujourd’hui les poissons comme des êtres sensibles pouvant éprouver du stress et de la douleur. L’aquaculture s’est développée à une époque où on ignorait tout de cette sensibilité. Elle doit dorénavant être prise en compte pour guider l’évolution des pratiques vers plus de bien-être animal. (...)
Or, si le plan de relance du gouvernement pour surmonter la crise sanitaire évoque le bien-être des animaux terrestres, aucune mesure ne mentionne le bien-être animal en pisciculture. Et ce, malgré un budget de 50 millions d’euros alloués aux filières pêche et aquaculture sur la période 2020-2022.
Des orientations stratégiques majeures concernant l’avenir de la filière aquacole aux niveaux européen et français sont attendues dans les prochains mois. Le Commission européenne doit ainsi publier ses nouvelles « Lignes directrices stratégiques pour le développement de l’aquaculture durable ». La France doit elle aussi publier son « Plan national stratégique pour le développement des aquacultures durables ». Les objectifs fixés par ces plans décideront en grande partie de la répartition des dépenses du prochain Fonds Européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) en Europe et en France pour la période 2021-2027. (...)
Ce document exposera la stratégie de l’interprofession pour répondre à la demande sociétale exprimée lors des Etats généraux de l’alimentation.
Nous, signataires de cette tribune, demandons que l’amélioration des conditions d’élevage, de transport et d’abattage des poissons soit véritablement au cœur de ces décisions à venir. En mars 2019, le Parlement européen a d’ailleurs exprimé sa volonté d’allouer une part des subventions du FEAMP afin de faire progresser le bien-être animal. (...)