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Mediapart
Le Royaume-Uni redoute un terrorisme d’extrême droite en hausse
Article mis en ligne le 15 février 2022

« Loups solitaires » ou membres de groupes néonazis, de plus en plus de jeunes Britanniques se radicalisent et cherchent à passer à l’action au nom de principes suprémacistes. En un an, 19 suspects mineurs ont été arrêtés.

En octobre 2021, un jeune Britannique de 18 ans, Matthew Cronjager, a été condamné à 11 ans de prison pour avoir fomenté plusieurs attaques terroristes. Il était à la tête d’un site Internet néonazi et discutait en ligne afin de se procurer des armes à feu. À 17 ans déjà, a affirmé la juge lors de la sentence, le Londonien « soutenait l’extrême droite » et « voulait renverser le gouvernement par la violence ».

Le 19 janvier, un adolescent de 14 ans a plaidé coupable de trois chefs d’accusations, notamment la possession de documentation utile à une personne préparant une attaque terroriste. Le jugement sera prononcé en avril.

Ces deux garçons font partie d’un nombre croissant de jeunes Britanniques qui se radicalisent et cherchent à passer à l’action au nom de principes suprémacistes. En un an, du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, 24 mineurs suspectés de délits liés au terrorisme ont été arrêtés, dont 19 liés aux idéologies d’extrême droite.

Le 9 janvier, le journal en ligne Independent titrait : « Plus jeune, plus blanc, plus britannique : le visage changeant du terrorisme au Royaume-Uni ». Si la majorité des enquêtes des services antiterroristes britanniques restent liées à l’islamisme, 13 % concernent l’extrême droite. « Dix des vingt-neuf attaques déjouées ces quatre dernières années étaient fomentées par des terroristes d’extrême droite », a annoncé en juillet 2021 Ken McCallum, le directeur général des services secrets intérieur, le MI5. (...)

« La menace et le profil des terroristes ont complètement changé », a expliqué à Independent Dean Haydon, coordinateur national de la police contre-terroriste. « Nous avons affaire à des individus qui se radicalisent seuls, qui cherchent de la littérature extrémiste en ligne, et qui n’attendent pas les directives ou l’approbation d’une autorité supérieure. »

Sur la chaîne Sky News, la détective commissaire Vicky Washington, de la police antiterroriste, a estimé que les mois de confinement pendant lesquels les « jeunes gens étaient isolés chez eux, loin de leurs amis et de la protection des écoles et travailleurs sociaux », ont eu un gros impact. Les sites Internet d’extrême droite sont des terrains propices à la radicalisation, ainsi que les jeux vidéo en ligne, où les « jeunes peuvent être accostés par des individus qui leur font croire qu’ils ont le même âge », a ajouté Vicky Washington.

Mais pour le Dr Aaron Winter, professeur de criminologue spécialisé dans l’extrême droite à l’université d’East London, si les suspects sont en effet de plus en plus jeunes, « se concentrer sur Internet et les adolescents, c’est ignorer le fait que ces idées proviennent d’autres personnes ». (...)

« Les idées racistes ont été épousées par le centre de l’échiquier politique depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump [...] sous prétexte de ne pas laisser le champ aux partis d’extrême droite. Aujourd’hui, presque tous les partis politiques souscrivent à une forme ou une autre d’idées xénophobes. » L’interdiction du voile intégral, la fermeture des frontières « même si cela signifie que des gens en meurent », précise le professeur, « sont présentées comme des moyens de sauver les démocraties libérales européennes ».

Tout cela ne fait, selon lui, qu’encourager les activistes de l’extrême droite. (...)

À chaque fois qu’on parvient à démanteler un groupe, un autre émerge.

Andy Pardy, sergent de police (...)

Le sergent regrette que de nombreux groupes d’extrême droite se soient appropriés les symboles des religions païennes. « Ils s’en servent pour recruter des personnes qui s’intéressent sincèrement à ces croyances et qui font des recherches sur Internet sans se méfier. » (...)