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Le PS refuse de réduire la publicité télévisée visant les enfants
Article mis en ligne le 14 janvier 2016

Ce jeudi 14 janvier, les députés examinent la proposition de suppression de la publicité à destination des enfants sur les chaînes publiques. Mais les socialistes ont enterré le projet en commission. Obésité, troubles du comportement... De nombreux professionnels de l’enfance s’alarment, et rappellent les dégâts infligés par la pub sur les plus jeunes.

Depuis près d’un mois, le sénateur (EELV) des Hauts-de-Seine, André Gattolin, ne ménage pas sa peine. « Je passe mon temps à l’Assemblée nationale, je mène un battage, j’ai imprimé des cartes postales et des logos », énumère-t-il au téléphone, entre deux rendez-vous. Objectif, sauver sa proposition de loi (PDL) relative à la suppression de la publicité commerciale dans les programmes jeunesse de la télévision publique. Elle doit être discutée en séance publique à l’Assemblée nationale ce jeudi 14 janvier. Il s’agit de protéger les petits téléspectateurs, cibles privilégiées des multinationales qui cherchent à leur vendre céréales, barres chocolatées et boissons gazeuses souvent trop grasses ou trop sucrées.

Déposée le 24 juillet 2015 et adoptée légèrement modifiée le 21 octobre au Sénat, la PDL prévoit la suppression des annonces publicitaires dans les programmes destinés aux enfants de moins de douze ans sur les chaînes de France Télévisions, à partir du 1er janvier 2018 (Article 2). Mais un amendement de la députée (PS) du Loiret, Valérie Corre, adopté le 16 décembre par la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale (AN), supprime cette mention à la suppression ; elle la remplace par un simple « rapport évaluant l’impact d’une suppression de la publicité (…) sur le marché publicitaire et sur les ressources de la société ». Celui-ci devrait être remis le 30 juin 2017, après les prochaines élections présidentielle et législatives.

Pour sauver le texte original, la seule solution serait qu’un nouvel amendement rétablissant l’article 2 d’origine soit adopté ce jeudi à l’Assemblée.
71 % des personnes interrogées favorables à la suppression (...)

le principal argument du PS est économique. « La suppression représenterait pour la télévision publique une perte de recettes évaluée à environ 20 millions d’euros par an par le CSA », justifie la députée devant la commission. Or, le déficit de France Télévisions s’élève à 50 millions d’euros.

Pour M. Gattolin, l’argument n’est pas recevable. (...)

le sénateur regrette la vision du monde véhiculée par les annonceurs : « On fait fantasmer les enfants, on oriente leur imaginaire vers la surconsommation. Mais est-ce qu’on vit mieux parce qu’on consomme plus ? Je crois que c’est un pis-aller dans la relation sociale. »

Jacques Müller, ancien sénateur (EELV) du Haut-Rhin, représentant du Mouvement pour une alternative non-violente, qui avait proposé une loi en 2010 pour une interdiction de la publicité à destination des enfants sur l’ensemble des chaînes françaises , privées comprises, regrette les « clichés véhiculés par la publicité, qui ne favorisent pas le vivre ensemble » : « Le mépris du loser, l’apologie de celui qui transgresse la loi – seuls les pauvres types s’y soumettent, les forts sont au-dessus -, le sexisme, le racisme... A l’époque, Chantal Jouanno avait déjà mentionné le problème de la publicité dans son rapport contre l’hypersexualisation de la société. » (...)

Le Royaume-Uni, l’Espagne, la Suède, le Québec, l’Irlande et la Belgique, ont déjà partiellement ou totalement interdit la publicité à destination des enfants et des adolescents. Mais en France, toutes les mentalités n’ont pas évolué (...)