
Pétition pour la défense de l’enseignement de la géométrie de l’école primaire jusqu’aux classes préparatoires adressée à madame la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Apparue à l’aube du troisième millénaire av. J.-C., la Géométrie s’est d’abord imposée comme une puissante partenaire de vie pour les contemporains de cette époque, qui ont rapidement saisi la richesse de ses ressources, et fait dès lors un usage immodéré de ses outils efficaces pour résoudre nombre de problèmes pratiques posés dans des domaines aussi divers que l’architecture, la topographie, l’arpentage ou les partages territoriaux. Peu à peu, la Géométrie a ensuite acquis ses lettres de noblesse et commencé à se développer en tant qu’entité propre, se dégageant des préoccupations utilitaires et se révélant progressivement comme une formidable école du raisonnement, dotant quiconque en faisait usage d’une propension à la rigueur et à la précision.
Pourtant, si l’on évalue la situation à l’aune de la dernière décennie, force est de constater que cette belle histoire semble vouée à connaître un bien lugubre épilogue. (...)
D’une façon générale, les programmes successifs de mathématiques offrent de moins en moins de supports à l’apprentissage de la démonstration. Ainsi fragilisée, la géométrie est peu à peu réduite à sa dimension utilitaire, perdant ainsi son aspect plus formatif qui est celui de créer des esprits rigoureux. Blaise Pascal disait pourtant :
« Et je n’ai choisi cette science [la géométrie] (...) que parce qu’elle seule sait les véritables règles du raisonnement, (…) et se fonde sur la véritable méthode de conduire le raisonnement en toutes choses, que presque tout le monde ignore, et qu’il est si avantageux de savoir, que nous voyons par expérience qu’entre esprits égaux et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et acquiert une vigueur toute nouvelle. »
Par le biais de la géométrie, l’Education Nationale s’en prend en définitive à toutes les mathématiques : les étudiants accueillis dans les universités et les écoles de l’enseignement supérieur n’auront pas été suffisamment formés à la rigueur de la démonstration et une nouvelle baisse du niveau général de la licence est encore à prévoir.
La situation est d’autant plus grave que les programmes du CAPES de Mathématiques suivent l’évolution des enseignements dispensés dans les établissements du second degré : si les collégiens et les lycéens ne sont plus correctement formés à la rigueur de la démonstration, les futurs enseignants ne seront plus formés à transmettre cette rigueur. Quant aux professeurs des écoles, nous savons déjà que très peu de lauréats sont issus des filières scientifiques. Nous sommes donc résolument entrés dans une boucle infernale qu’il est urgent de rompre.
En conséquence, nous demandons au Ministère de l’Éducation Nationale la prise en compte de ces remarques, ainsi que la révision intégrale du projet des programmes de mathématiques pour les cycles 3 et 4