
Le Canada soutient sans réserve le CETA, traité de libre échange avec l’Europe. La venue de José Bové a cependant contribué à réveiller le débat. Le même jour, en Allemagne, la cour constitutionnelle a donné un feu orange au traité.
Si l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne est contesté en Europe, il est bien accepté de l’autre côté de l’Atlantique. Le CETA est perçu comme la seule opportunité pour le Canada de maintenir son commerce extérieur, alors que son partenaire principal, les Etats-Unis, s’oriente vers le protectionnisme.
Il aura fallu que José Bové soit retenu pendant 24 heures, à son arrivée à l’aéroport de Montréal mardi 11 octobre, pour que l’accord de libre-échange avec l’Europe, le CETA (Accord économique et commercial global) arrive sur le devant de la scène au Canada.
Si les douanes canadiennes évoquent son passé criminel (le démontage d’un restaurant McDonald’s et le fauchage de maïs génétiquement modifié de Monsanto), pour José Bové, « c’est une décision très clairement politique », qui a motivé la rétention de son passeport.
Le député européen devait assister le soir même à une assemblée publique sur le CETA au Conseil des Canadiens, une organisation citoyenne, à Montréal.
Mais depuis le début des négociations, il y a sept ans, peu nombreux dans le pays sont ceux qui se sont mobilisés contre cet accord de libre-échange. (...)
Et pour le Canada, il y a urgence à ce que cet accord soit ratifié : son principal partenaire commercial, les Etats-Unis, est en passe de devenir davantage protectionniste, quel que soit le candidat, Donald Trump comme Hillary Clinton, qu’il élira dans moins d’un mois.
« Et on n’est pas les seuls à le voir, c’est pour ça que la Chine s’intéresse davantage au Canada, le Moyen Orient aussi. Car si cet accord est ratifié on va devenir une rampe de lancement vers le marché européen », explique Jean Charest. (...)
D’où la main de fer que tente d’adopter Justin Trudeau dans ce dossier. Lorsqu’il reçoit Manuel Valls à Ottawa jeudi, le premier ministre canadien affirme que « c’est le moment pour l’Europe de décider à quoi sert l’Union européenne. » (...)
En Allemagne, les opposants au CETA viennent de subir une demie défaite. La cour constitutionnelle fédérale a donné jeudi 13 octobre son feu vert au gouvernement pour qu’il signe l’accord commercial à la fin du mois. Plus de 125.000 plaintes avaient été déposées en août auprès de la plus haute juridiction du pays. Elles accusaient la procédure de validation du traité de ne pas être conforme à la Loi fondamentale allemande, notamment son entrée en vigueur avant même la ratification par les parlements nationaux.
Les magistrats de Karlsruhe ont toutefois émis des conditions strictes à la signature de CETA. Berlin doit avoir la possibilité de quitter le traité, dans le cas où celui-ci serait jugé a posteriori inconstitutionnel - les sages n’ayant pas encore statué sur la question.
Ceux-ci ont par ailleurs estimé que, tant que les parlements nationaux ne se sont pas prononcés, l’Allemagne ne peut approuver les chapitres du traité qui dépendent de la compétence des Etats membres de l’Union européenne. Cette décision a son importance puisqu’elle rend impossible, pour le moment, la création des controversés tribunaux d’arbitrage. Enfin, les négociateurs du traité doivent se soumettre aux règles de la démocratie, en intégrant par exemple des parlementaires à leurs comités.