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Lampedusa, l’île où les migrants ne font que passer
Article mis en ligne le 26 octobre 2019

Perdue au milieu de la mer Méditerranée, la petite île italienne de Lampedusa est le premier territoire européen sur la route maritime des migrants qui partent des côtes africaines, notamment libyennes et tunisiennes. Les étrangers qui atteignent l’île n’y restent que 48 heures. Ils sont hébergés dans le seul centre habilité à les accueillir - d’une capacité de 96 places. Reportage.

On est loin de l’image "d’invasion" relayée par une partie de la classe politique italienne, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, et aussi par une frange de la population italienne sur les réseaux sociaux.

"La majorité des arrivées viennent de Tunisie"

En cette semaine de la mi-octobre, l’unique centre d’accueil de migrants de l’île n’affiche pas complet. Environ 50 personnes y sont présentes, contre près de 400 la semaine dernière – pour une capacité de 96 places. (...)

Lampedusa est en fait une zone de transit ultra-rapide pour les exilés qui débarquent sur ses côtes. "Quand les migrants arrivent chez nous, ils sont orientés vers le hotspot de l’île pour une durée de 48 heures. Ensuite, ils sont transférés en Sicile. Ce matin par exemple [21 octobre, ndlr], 80 personnes ont été envoyées sur l’île voisine", explique le maire de la ville, Salvatore Martello (...)

Avec moins de 100 places disponibles sur l’île, la menace d’un goulot d’étranglement est omniprésente. "Si le système de transfert coince, on peut vite se retrouver en situation de surpopulation" (...)

L’île vit au gré des arrivées de migrants. La mer étant très agitée ces derniers jours, les départs depuis les côtes tunisiennes sont rares, voire inexistants.

De manière générale, les arrivées sont stables à Lampedusa par rapport à l’année dernière : 3 400 personnes ont débarqué sur les côtes de l’île pendant les 9 premiers mois de l’année 2019 contre 3 440 pour toute l’année 2018. Le chiffre est en revanche en nette diminution par rapport à 2017 où près de 9 000 migrants avaient été accueillis à Lampedusa.

"Ces données s’expliquent par une diminution des départs depuis la Libye, la majorité des arrivées aujourd’hui viennent de Tunisie", précise à InfoMigrants Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Italie. (...)

Logiquement donc, les Tunisiens sont la première nationalité représentée chez les migrants débarquant sur l’île. Selon les chiffres de l’OIM, sur les 3 400 migrants arrivés cette année, 2 100 sont des Tunisiens, soit un petit peu plus de 60 %.

Les Africains subsahariens sont moins nombreux qu’avant, même si "on voit beaucoup de femmes et de nombreux enfants noirs [arriver sur les côtes], ces derniers temps", assure Salvatore Martello. (...)

la plupart des Tunisiens expliquent venir en Italie pour trouver du travail, ils sont considérés comme des migrants économiques. "Les Tunisiens ne demandent pas l’asile en Italie", note Flavio Di Giacomo de l’OIM. La grande majorité est donc transférée en Sicile puis renvoyée rapidement en Tunisie.

Un accord entre les deux pays prévoit en effet des expulsions rapides vers la Tunisie (...)

"Ceux qui ne sont pas renvoyés par avion ont sept jours pour quitter le territoire italien par leurs propres moyens mais la plupart se débrouillent pour aller sur le continent et gagner un autre pays européen", ajoute le porte-parole de l’OIM. (...)

On quitte notre pays car on n’a rien à faire là-bas. Pourquoi l’Europe signe des accords avec la Tunisie ?", se demande le jeune homme qui a lui aussi déjà essayé de rejoindre l’Europe. "De toute façon si on est renvoyé, on reviendra".