
Depuis des années, une bataille discrète se poursuit autour de l’intérêt économique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Selon les chiffres posés par l’Etat dans l’enquête publique de 2006, le projet serait très rentable. Sauf que ces chiffres sont manipulés, comme le révèlent aujourd’hui Reporterre et les élus opposés au projet.
(...) Dans l’enquête d’utilité publique de 2006, il était affirmé que le nouvel aéroport générerait un avantage économique de 911 millions d’euros, ce qui le rendrait donc avantageux au regard d’un coût de construction affiché à moins de 600 millions d’euros.
Ce chiffre de 911 millions avait été calculé par le cabinet JLR Conseil. Mais, en 2011, une contre-expertise menée par le cabinet néerlandais CE Delft, à la demande des élus opposés au projet, a remis en cause ce chiffre.
Pour comprendre la divergence, il faudrait connaître la matrice de données sur laquelle JLR Conseil avait fondé ses calculs. Mais la DGAC se refuse obstinément à la communiquer. Les opposants ont reçu des centaines de pages de rapports divers, mais jamais la matrice qu’ils réclamaient, malgré un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA). L’enjeu est pourtant crucial, puisqu’il s’agit d’évaluer l’intérêt économique du projet d’aéroport. En situation de difficulté économique et d’endettement public, il n’est plus possible de gaspiller les ressources.
Le lendemain de la publication de l’article de Reporterre sur ce sujet, la DGAC a transmis en janvier un nouveau document au CéDpa. Nous nous sommes procurés ce dossier de 13 pages intitulé Précisions et explications sur le dossier de 2006 et daté de 2013. Le CéDpa (Collectif des élus opposés au projet de Notre Dame des Landes le dévoile lundi 8 février à Nantes lors d’une conférence de presse.
Ce document ne contient toujours pas la base de données demandée par le CéDpa. En revanche, il comporte des tableaux chiffrés qui n’avaient jamais été divulgués jusqu’ici. Grâce à ces nouvelles données, il devient possible de comprendre le calcul qui a mené aux 911 millions d’euros d’avantage économique, et à la déclaration d’utilité publique du projet. (...)
Ce qui apparait à une lecture attentive est... que la méthode de calcul est aberrante. L’explication est un peu compliquée, mais cela vaut la peine de s’accrocher. (...)