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La semaine de quatre jours, solution à la crise ?
Article mis en ligne le 11 novembre 2011
dernière modification le 9 novembre 2011

Ancien socialiste, élu conseiller régional d’Île-de-France sur les listes Europe écologie, Pierre Larrouturou est l’un des plus ardents défenseurs de la semaine de 32 heures, réparties sur quatre jours. Un vœu pieu en pleine crise financière ? Une utopie quand Manuel Valls et une partie de la gauche veulent oublier les 35 heures ? Au contraire ! Les 32h sont déjà appliquées au sein de quelques entreprises pionnières. Pour l’économiste, la réduction du temps de travail demeure aujourd’hui l’un des leviers les plus sûrs pour lutter contre le chômage. (...)

On ne peut pas sortir de la crise financière si on oublie qu’elle est avant tout une crise sociale. L’enjeu premier, c’est de donner à chacun un vrai boulot. Nous vivons dans une société de consommation où chacun a besoin de consommer, et où la propension moyenne est plus forte pour les bas revenus. Pour sortir de la crise, il faut créer de l’emploi et revenir sur la baisse scandaleuse de la répartition capital/travail que la France connaît depuis trente ans. Et tant que le chômage sera fort, les salariés seront en position de faiblesse dans le rapport de force avec les employeurs. (...)

la plupart des économistes reconnaissent que les délocalisations ne sont responsables que d’environ 15 % des destructions d’emplois. La vraie cause du chômage, ce sont les gains de productivité colossaux enregistrés depuis les années 1970. La productivité a été multipliée « seulement » par 2 entre 1820 et 1960, puis par 5 depuis 1960 grâce à la multiplication des robots et des ordinateurs. C‘est prodigieux ! Parallèlement, sur les quatre dernières décennies, le temps de travail hebdomadaire a quasiment stagné, alors qu’il avait presque diminué de moitié durant le siècle précédent. Mécaniquement, si la révolution de l’informatique ne s’est pas répercutée sur une réduction du temps de travail, elle s’est convertie en destructions d’emplois.
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il faut aussi interdire la redéfinition du travail lors du passage des entreprises aux 32 heures : les pauses, le temps réservé à l’habillage, aux douches… Tout cela doit rester strictement identique.
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L’important, c’est de conserver de la souplesse : certaines entreprises font la semaine de 32 heures sur cinq jours d’ouverture hebdomadaire, d’autre sur six, d’autres sur sept. La durée du temps de travail doit aussi varier en fonction des périodes de chauffe et des périodes de « relâche » qui rythment la vie d’une PME.
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En 1997, le ministère du Travail tablait sur la création d’1,6 million d’emplois en CDI en cas de passage aux 32 heures. L’effet serait renforcé en le couplant à une politique volontariste en faveur des emplois d’avenir (logement, isolation thermique, énergies renouvelables...). Or, une telle mesure bénéficierait d’abord aux femmes, qui sont davantage victimes de précarité et de travail à temps partiel. Cela peut aussi être une opportunité de réduire les inégalités dans la répartition des tâches domestiques. Mais il y a un vrai risque : le temps libéré servira-t-il aux loisirs, à la vie familiale, aux associations, à la culture... ou à regarder de la pub et du porno en buvant du Coca-Cola ? Peut-être faudrait-il articuler la réduction du temps de travail à la redéfinition des rythmes scolaires, pour engager les parents, les enfants et l’Éducation nationale dans des activités associatives l’après-midi, après les cours du matin. (...)

Il est troublant que la droite occupe le terrain des 35 heures depuis dix ans et qu’une large partie de la gauche n’ose plus en parler... alors que l’emploi est aujourd’hui le problème numéro un. (...)

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