Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
La seconde mort du vrai Geronimo
Article mis en ligne le 10 mai 2011

Geronimo fut ce chef Apache qui passa sa vie (1829-1909) à lutter contre les armées mexicaine et états-unienne, à s’enfuir des réserves ou des lieux dans lesquels il était parqué avec une poignée de « braves » et à s’épuiser vainement contre une colonisation sanglante et contre l’extermination lente et inexorable des tribus indiennes. Avec Cochise, Sitting Bull et quelques autres, il symbolise une résistance désespérée pour préserver une terre, un mode de vie, une culture face à la « conquête de l’ouest », c’est-à-dire l’envahissement par un capitalisme naissant qui avait besoin d’espace et qui élimina par les armes et l’alcool les empêcheurs de conquérir en rond.

Il n’est donc pas indifférent que l’administration d’Obama ait donné à l’opération contre Ben Laden le nom de code de Geronimo et que le commando qui a tué le leader d’Al-Qaida ait envoyé le message « Geronimo, enemy killed in action ». Ben Laden était donc pour les dominants américains beaucoup plus que l’instigateur de l’attentat du 11 septembre 2001, c’était l’éternelle figure de l’étranger de l’intérieur, de l’Indien de trop, de la mauvaise conscience du colonisateur. (...)

En tuant le terroriste Ben Laden, Obama n’a pas « fait justice » car, au nom d’un État de droit, il a fait valoir le droit de l’État. Le droit, en désignant le terroriste, de ressusciter son mythe fondateur, l’élimination d’un peuple indigène. Obama a tué une seconde fois Geronimo, cette fois-ci symboliquement.(...)
Wikio