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Orient XXI
La scène artistique libanaise invente sa survie
Article mis en ligne le 5 février 2022

À Reims, pour sa troisième édition, le festival FARaway met à l’honneur les artistes libanais. De la joie, de l’invention et de la puissance créatrice sous toutes ses formes.

Depuis le 27 janvier et jusqu’au 6 février, la scène artistique libanaise a pris ses quartiers à Reims et se déploie sur sept structures culturelles : la Comédie, le FRAC, le Manège, Nova Villa, la Cartonnerie, le Césaré et l’Opéra. Théâtre, danse, musique, expositions, lectures, rencontres… Quelque cinquante artistes parmi lesquels, pour n’en citer que quelques-uns, toutes générations confondues, la Zoukak Theatre Company, Chrystèle Khodr, Hanane Hajj Ali, le Collectif Kahraba, Khouloud Yassine, Alexandre Paulikevitch, Bachar Mar-Kalifé. Tous vivent et créent au Liban, et tous tournent déjà à l’international — la seconde caractéristique conditionnant la plupart du temps la première, à laquelle ils sont fortement attachés, dans un pays dont le mot d’ordre pour les artistes est devenu : « Vous voulez faire du théâtre ? Partez ! » , selon Omar Abi Azar, membre fondateur de Zoukak. (...)

Ce groupe d’artistes a ouvert le festival FARaway (anciennement Scènes d’Europe), avec une étape de création, The Rave Empire, une réflexion en construction à partir de la vie de l’empereur Julien (361 à 363), surnommé « l’Apostat », qui interroge le polythéisme et le monothéisme comme philosophies politiques. Ils le clôtureront avec leur pièce au titre délibérément pamphlétaire : I Hate Theater I Love Pornography, un spectacle qu’ils ont créé en 2017 et dans lequel ils tournent en dérision les attentes préconçues de l’Occident sur le monde arabe. Ils y dénoncent également la perversion de cette « économie des ONG » qui — en l’absence de toute politique culturelle au Liban — conduit les artistes à s’insérer dans des projets de « construction de la paix et du dialogue interculturel » qui n’ont plus rien à voir avec le respect de leurs désirs et réflexions, et peuvent même aller jusqu’à chercher à intégrer Israël dans la géographie culturelle de la région. (...)