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Non-Fiction
La révolution en peignoir !
Couverture ouvrage Le boycott Ingrid Nyström Patricia Vendramin Éditeur : Presses de Sciences Po
Article mis en ligne le 30 septembre 2015
dernière modification le 28 septembre 2015

Simple et facile à utiliser, il ne coute rien, pas même une cotisation, ni même une culture militante particulière…. Le boycott est une arme de contestation idéale dans notre société contemporaine. Il est le moyen de contester et de marquer ses choix de société tout en restant en peignoir ou en vacances au bord de la plage !C’est une contestation « à portée de mains » qu’Ingrid Nyström et Patricia Vendramin ont choisi d’ausculter dans ses diverses dimensions, historiques, politiques et sociologiques.

L’arme des pauvres

L’ouvrage, publié aux Presses de Sciencepo, démontre la force et les faiblesses de ce comportement individuel capable de devenir un acte politique majeur. La pratique s’est beaucoup développée depuis sa naissance au 19ème. C’est la mise au ban par la population d’une Province irlandaise d’un Capitaine anglais du nom de Charles Cunningham Boycottqui va donner naissance à un vocabulaire politique, désormais installé dans les dictionnaires français et anglais.
Typiquement anglo-saxonne et matinée de culture protestante, cette pratique est mise au goût du jour partout dans le monde. Elle est devenue un moyen assez rependu de manifester son hostilité à une personne, un produit ou un pays, ou les trois en même temps. L’addition d’actes de rejets isolés est susceptible de devenir un vent de protestation. (...)

(...) Le profil du boycotteur a fortement évolué depuis le 19ème siècle. Il est moins l’arme des pauvres. Les utilisateurs sont plutôt des gens aisées, jeunes, et diplômés. Dans nos modèles de sociétés, où le citoyen est devenu un consommateur politique, le boycott est un produit de consommation. L’ouvrage démontre qu’il peut être nouvelle forme de politisation des plus jeunes, amplifiée par l’importance d’internet et de réseaux sociaux.Il est aussi une modèle de protestation « jetable ». Il faut tenir dans la durée et ce n’est pas simple, surtout lorsqu’une nouvelle mobilisation chasse l’autre.
Peut-on aller jusqu’à rapprocher le chariot du Super-Marché de l’isoloir du bureau de vote ? Pas sûr, mais il est certain que le premier est plus fréquenté que le deuxième !Nouveau contre-pouvoir ?

Le boycott peut être positif comme négatif et avoir des conséquences inédites. (...)

Il a son pendant actif : le « buycott » qui favorise la viande d’origine française ou les circuits courts de consommation. Tous les consommateurs ne sont pas sensibles aux mêmes arguments, notamment lorsqu’il n’existe pas forcement de produit de substitution…. Pour le monde économique l’analyse est simple : « petit acheteurs, petits effets » … au point que la Bourse elle-même peut apprécier le risque de boycott sur tel ou tel produit, lui donnant plus de valeur… (...)

Le Boycott apparait aujourd’hui comme un outil libéral d’expression de la contestation. Il colle aux modes de vie plutôt qu’aux valeurs collectives des luttes sociales. Il est un engagement distancié basé sur des appartenances choisies qui s’accommodent parfaitement des valeurs individualistes et post matérialistes C’est aussi une forme de résistance passive difficilement réprimable par les autorités. (...)