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La retraite des femmes, toute une histoire
#retraite #femmes
Article mis en ligne le 17 février 2023
dernière modification le 16 février 2023

La pension de retraite moyenne des femmes est de 40 % inférieure à celle des hommes, comme le révèle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans son rapport de 2022.

« Ne vous inquiétez pas, la réforme actuelle corrigera cette inégalité », ratiocinent les porte-parole du gouvernement sur les plateaux. Des syndicalistes (comme Sophie Binet) et des économistes (comme Michaël Zemmour) ont largement démontré qu’il n’en était rien. Cette réforme, comme trop d’autres dans notre histoire, font des femmes les parents pauvres des législations sur les retraites.

Cela s’explique historiquement parce que le travail des femmes n’a jamais été considéré comme celui des hommes. (...)

À partir du XXe siècle, les femmes ne mourant plus des suites de couches, leur espérance de vie s’accroît et dépasse celle des hommes. Elles sont dès lors de plus en plus nombreuses âgées, veuves et pauvres. Or la première loi sur les retraites, en 1910, ne le prend guère en compte. Les femmes cotisaient certes moins que les hommes (eu égard à leurs faibles salaires), mais ne pouvaient toucher de (maigre) pension qu’en cas de carrière pleine, autant dire rarement. (...)

L’instauration de la retraite par répartition en 1945 laisse malheureusement toujours les femmes en situation difficile. (...)

l faut attendre les années 1970 pour qu’enfin la question féminine soit sérieusement prise en compte, dans un contexte de pression des organisations féministes, lesquelles défendaient la retraite à 55 ans pour les femmes, avec un taux de réversion de 75 %.

Les lois Boulin remplacent le calcul de la pension sur la base des dix dernières années par un calcul sur la base des dix meilleures (...)

Sont aussi créées une assurance-vieillesse des mères de famille et une majoration de durée d’assurance pour les périodes d’éducation des enfants.

La loi impose également une meilleure prise en compte du ou des congés maternité, qui ouvrent désormais un droit à la retraite, ainsi que du nombre d’enfants (...)

Qui plus est, à partir de 1975, une possibilité de départ anticipé à 60 ans est ouverte aux mères de trois enfants totalisant trente années de cotisations.

Et, en 1977, toutes les femmes totalisant trente-sept années et demie d’assurance à 60 ans bénéficient désormais de la retraite à taux plein sans autre condition, mesure qui traduisait la prise en considération de la double journée de travail des femmes. (...)

Des avancées… sous des gouvernements de droite

Beaucoup de ces mesures ont été prises par des gouvernements de droite, qui se refusaient pourtant à abaisser l’âge de la retraite à 60 ans, comme le réclamait la gauche. Pour les défendre, ministres et députés mobilisaient des images fort traditionnelles, familialistes, évoquant les « grandeurs », les « devoirs » de la mère de famille, assez loin des discours féministes émancipateurs. Reste que les femmes ont profité de ces réelles améliorations.

Si les années 1970 sont donc marquées par un souci sinon d’égalité, du moins de prise en compte des particularités des carrières féminines, il est de courte durée (...)

Les années 1970 semblent dès lors une parenthèse que la mobilisation féministe en cours pourrait rouvrir. (...)