
La crise du logement resurgit chaque hiver avec l’annonce de mesures d’urgence assénées avec autant de conviction que de retard. Cécile Duflot respecte la tradition. Une recherche rationnelle et cohérente de solutions mérite d’être menée et des idées nouvelles apportées. Hervé Le Bras et Pierre Carli s’y essayent dans un ouvrage récent : Crise des liens, crise des lieux. Ils imaginent un loyer adaptable aux revenus.
(...) Le logement constitue un problème constant en France depuis 1945, nous n’avons jamais su construire suffisamment pour répondre à la hausse du nombre des ménages. L’abbé Pierre puis sa Fondation ont témoigné de cette situation depuis 1954. Les raisons en sont multiples : outil de production et capacité financière d’abord insuffisant puis erreurs de prévisions, urbanisme restrictif, et politiques jacobines et inconstantes ignorant le caractère fragmenté des marchés, enfin le rejet de la construction de logements par les populations les mieux logées et les collectivités locales qui leur ont emboîté le pas. (...)
Facteur aggravant, les difficultés de logement se sont étendues aux classes moyennes d’abord à Paris, puis dans les grandes métropoles régionales et certaines zones frontalières.Le marché cale également face à cette demande. Dans un livre un peu technique Hervé Le Bras et Pierre Carli* explorent quelques voies d’adaptation à cette situation(...)
Des solutions originales sont avancées face à ce constat implacable. La rareté des moyens budgétaires est prise en compte et c’est une habile péréquation des loyers qui constitue la proposition principale.
Partant de la nécessité de faciliter l’intégration dans un logement social des personnes aux plus faibles revenus ou le maintien dans leur logement de ceux dont les revenus baissent brutalement, un loyer adaptable au revenu est envisagé dans le respect d’un taux d’effort acceptable. L’application du Droit au logement s’en trouverait également amélioré grâce à une fluidité accrue entre les structures d’hébergement et un logement pérenne.
Une contrepartie sans doute juste mais douloureuse est prévue dans la hausse des loyers pratiqués pour les ménages les plus aisés qui devraient accepter un d’effort accru limitant tout effet d’aubaine lié au maintien dans un logement à bas coût sans justification sociale.
Limité au niveau de loyer du marché, ce dispositif n’a pas vocation à écarter ces ménages du logement social, préservant ainsi la mixité sociale. (...)
*Hervé Le Bras, Pierre Carli -Crise des liens, crise des lieux. Pour un logement social solidaire Edition de l’aube-