
Ces dernières années, la presse quotidienne, qu’elle soit régionale ou nationale, n’a cessé de perdre des lecteurs sur le papier. Les derniers chiffres de l’OJD (Organisme de contrôle de diffusion de la presse) donnent le vertige.
En un an, Libération a perdu la moitié de ses lecteurs, Le Monde aussi a subi des pertes importantes, Le Figaro a chuté de 15%. Pour la première fois de son histoire, même Ouest-France, premier quotidien en France, a été déficitaire en 2012. Dans le même temps, ces journaux voient leur audience grimper sur la toile, mais la publicité sur Internet rapporte bien moins, que sur le papier et peine à décoller. Comme l’a fait remarquer le politologue, Roland Cayrol, dans le monde, il n’y a guère que le New York Times, qui semble faire école avec son modèle semi-payant, en limitant l’accès gratuit à seulement 10 articles par mois aux Internautes. Une manière de donner envie d’acheter des articles, qui fonctionne. "En France Médiapart, entièrement payant, est à l’équilibre, mais je ne crois pas que ce modèle soit reproductible. Il est lié à la personnalité de Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde", a souligné Jean-Marie Charon, sociologue des médias. Au niveau local, Dijonscope a mis la clé sous la porte, au moment, où le site est devenu payant. Quant à Rue 89, 100% gratuit, "il y a un moment où les pure players comme les nôtres manquent de fonds pour se développer", nous a confié son fondateur, Pierre Haski. D’où le rachat par le groupe du Nouvel Observateur. (...)
Une chose est sûre, "seule la qualité sauvera le journalisme", a souligné Roland Cayrol, président d’honneur des Aquinautes. D’ailleurs, si les lecteurs préfèrent www.lefigaro.fr à www.lemonde.fr, c’est parce que le Figaro propose de vrais papiers sur son site quand Le Monde reprend essentiellement des dépêches d’agence. A cet égard, selon lui, le seul modèle économique pertinent est celui du New York Times. Roland Cayrol a également ouvert des pistes intéressantes pour le prochain colloque d’Aqui : impliquer les associations aux débats, élargir le cercle de lecteurs présents. Des idées séduisantes, qui ont trouvé écho auprès de Joël Aubert, directeur d’Aqui.