
Le 15 juillet, à l’appel de plusieurs syndicats de professionnels du spectacle vivant, une manifestation d’un millier de personnes a regroupé artistes, techniciens, directeurs de salle, spectateurs et élus, place du Palais des Papes, à Avignon. Dans le prolongement de trois mobilisations antérieures, cette manifestation témoignait d’une inquiétude qui touche l’ensemble des acteurs du champ culturel. Mais, au-delà de la diminution programmée des budgets, c’est sans doute la définition nouvelle du rôle de l’art et de la culture qui suscite le refus. D’autant que cette inflexion promue sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy ne cherche pas à se dissimuler : elle se donne à lire en toutes lettres....
...La rhétorique politique de Nicolas Sarkozy en matière d’art et de culture prend le contre-pied des usages. Elle évacue le lyrisme pour le remplacer par des arguments, des chiffres et des statistiques. L’objet de ses discours contribue à déconstruire habilement le mythe de la culture, tout en concourant à « décomplexer » intellectuellement une droite populiste qui veut en découdre avec les élites. Dans le même temps, le fameux « objectif de démocratisation culturelle » présidentiel, si ardemment souhaité, se trouve perverti par l’effet conjugué des obligations de résultats qu’induisent le contrôle de plus en plus sournois de la dépense publique (en particulier depuis la mise en œuvre de la révision générale des politiques publiques) et par le consensus politique entourant désormais le critère de succès d’une œuvre. Seuls comptent désormais la « fréquentation » des salles et le « nombre d’entrées », la question de l’« offre » artistique étant, dans les faits, devenue secondaire....
...pour celui qui considère « le Tour de France cycliste comme de la culture » (4), et avoue avoir été farouchement rebuté par la lecture de la « Princesse de Clèves », parler d’art et de création est d’abord un prétexte pour occuper le terrain idéologique laissé en jachère par la gauche....