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Greenpeace
La plus grande réserve marine au monde va-t-elle bientôt être créée en Antarctique ?
Article mis en ligne le 25 octobre 2018
dernière modification le 24 octobre 2018

Un sanctuaire marin de 1,8 million de km² pourrait voir le jour dans la mer de Weddell, en Antarctique. Le projet est à la table de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines en Antarctique qui se tient depuis ce lundi en Tasmanie…

Cette partie de l’océan austral, entre la pointe sud du continent américain et la péninsule antarctique, compte trois millions de kilomètres carrés, « quasiment toute l’année sous la glace », précise Yan Ropert-Coudert, directeur de recherche au CNRS, rattaché au centre biologique de Chizé, spécialiste des oiseaux marins de la région. Le sanctuaire marin ne porterait pas sur la totalité de la mer de Weddell, mais sur une grande partie tout de même : 1,8 million de km².(...)

En discussion actuellement en Tasmanie
Le conditionnel reste de mise. Son sort se joue en ce moment à la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines en Antarctique (CCAMLR), réunie en Tasmanie (Australie), depuis ce lundi et jusqu’au 2 novembre. Hélène Bourges, responsable de la campagne « Océans » à Greenpeace France, n’attend pas de nouvelles d’ici la fin de ces rencontres. Cette commission compte 24 pays membres plus l’Union européenne et se réunit chaque année pour prendre les décisions de gestions et de conservation de la zone Antarctique, explique-t-elle. Autrement dit, qu’est-ce qu’on protège ? Qu’est-ce qu’on conserve ? Où autorise-t-on la pêche et avec quels quotas ?… Les discussions sont pour la plupart à huis clos et il n’y a pas grand-chose qui filtre avant la fin de la commission. »(...)

« On ne l’imagine pas au premier abord, mais cette mer de Weddell grouille de vie, assure Hélène Bourges. On estime à 10.000 le nombre d’espèces à y vivre, dont douze espèces de baleines, six de phoques, des manchots Adélie… » Sans parler d’une « importante colonie de manchots empereurs, une espèce impactée par le recul de la banquise et qui devrait bientôt bénéficier d’un statut spécial de protection », ajoute Yan Ropert-Coudert.(...)

Une oasis de vie encore préservée des activités humaines
Voilà pour les espèces emblématiques de l’Antarctique. Mais sous la glace dans les profondeurs, la mer de Weddell regorge aussi de vie. On y trouve déjà du krill [des petites crevettes typiques des eaux froides] qui sont à la base de la chaîne alimentaire de toute la vie marine là-bas. Mais aussi des éponges, des coraux, des étoiles de mer, des oursins, du phytoplancton…

Cette réserve marine est alors la promesse de faire d’une pierre deux coups. Protéger cette riche biodiversité marine de Weddell d’abord, mais garder également intact leur capacité à séquestrer du dioxyde de carbone, un enjeu fort dans la lutte contre le réchauffement climatique.

A ce jour, cette mer de Weddell est préservée des activités humaines. (...)

Comme en Arctique, il faut s’attendre à ce que la banquise diminue et à ce que des passages s’ouvrent, avec le risque que le tourisme et la pêche se développent. » Hélène Bourges craint en particulier cette deuxième, « à l’heure où les prises s’amenuisent dans les zones autorisées à la pêche aujourd’hui si bien que les bateaux prospectent toujours plus loin. »

Préparer l’avenir…
Ce sanctuaire marin permettrait alors de préparer l’avenir, en s’assurant que la riche biodiversité actuelle reste préservée des activités humaines. Jusqu’à présent, la communauté internationale est parvenue à s’entendre pour préserver au mieux l’Antarctique. Le continent est décrété « réserve consacrée à la paix et à la science » depuis le protocole de Madrid, signé en 1991. Toute activité relative aux ressources minérales autres que celles menées à des fins scientifiques y est interdite et toute activité doit faire l’objet d’une évaluation préalable d’impact sur l’environnement.(...)

« La création de cette réserve avait été emportée de haute lutte après des années d’opposition de la Chine et de la Russie », raconte Hélène Bourges.

Un réseau de réserves marines encerclant l’Antarctique d’ici 2030 ?
En sera-t-il pareil en mer de Weddell ? « Difficile à dire, reprend la chargée de campagne de Greenpeace. On sait plus ou moins que les mêmes pays s’opposent à cette nouvelle réserve, plus la Norvège. Ce pays est un grand éleveur de saumons qu’elle nourrit notamment à base de krill qu’on trouve justement en abondance dans la mer de Weddell. » Yan Roper-Coudert invite à ne pas traîner, d’autant que la CCAMLR s’est fixé l’objectif de créer d’ici 2030 un réseau d’aires marines tout au long de la ceinture de glace qui entoure le continent Antarctique.