
LETTRE DE BRUXELLES
Un vilain drame des temps modernes est devenu une cruelle illustration de ce que la politique peut produire de pire : la récupération. La petite Mawda Shawri est morte seule, une nuit de mai, dans une ambulance qui l’emmenait vers l’hôpital, une balle plantée dans la joue, tandis que ses parents, menottés, étaient conduits vers un commissariat de Mons, en Wallonie.
C’était en pleine nuit, le long d’une autoroute belge qui part de la frontière allemande vers celle de la France. Avec d’autres Kurdes, cette fillette de 2 ans qui n’avait jamais connu que l’exil, l’instabilité et la peur que lui transmettaient ses parents, était entassée dans une fourgonnette roulant à toute allure pour rejoindre Calais. Pris en chasse, le conducteur à la solde de passeurs, a appuyé sur l’accélérateur, zigzagué, tenté d’emboutir l’une des voitures de police qui voulaient arrêter sa course folle.
Un agent, qui n’avait, paraît-il, jamais employé son revolver, a tiré. Vers qui ? Pourquoi ? Sans voir que ces gens qu’on appelle désormais des « trans migrants » tentaient de montrer que des enfants étaient à bord ? « L’enquête est en cours », répondent les autorités. Les Irakiens ont été débarqués, mis en joue et, étrangement, on ne sait toujours pas qui, parmi eux, était le conducteur. Les passagers ont refusé de le désigner, les policiers n’ont pas pu l’identifier et on procède actuellement à des tests ADN.
Faire du chiffre
Seule certitude : Mawda est morte. (...)