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La monarchie présidentielle doit tomber
#democratie #Macron #capitalisme
Article mis en ligne le 20 mars 2023
dernière modification le 19 mars 2023

Ce 49.3 est l’apothéose d’un quinquennat de mensonges, de violences et de mépris, l’emblème d’un système présidentiel qui doit tomber, défend Clément Sénéchal dans cette chronique.

En actionnant l’article 49.3 de la Constitution pour la onzième fois depuis la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon, Emmanuel Macron choisit donc de voler deux ans à tout le monde sans le moindre vote de l’Assemblée nationale. Cela en dépit d’une concorde syndicale hostile au texte, de manifestations d’une ampleur historique et d’un rejet très largement majoritaire dans l’opinion publique. S’il s’inscrit dans une continuité autoritaire, celle de la Vᵉ République et du projet de classe capitaliste, ce nouveau coup de boutoir contre les principes démocratiques marque un point de non-retour.

Emmanuel Macron entretient un rapport malsain au vote et à la démocratie. Il l’a envenimé d’abord d’un indélébile parfum d’extrême-droite, en manœuvrant pour en faire son adversaire principal à chaque présidentielle. Il la méprise ensuite (...)

Ce président qui stipendie les blocages des grévistes et les « blocages de notre société », n’aura eu de cesse de bloquer l’expression de l’Assemblée nationale. Cette manière de conduire l’exercice du pouvoir exécutif, sans redevabilité, dialogue ni confrontation loyale au suffrage, n’incarne rien d’autre qu’une crise de régime qui se traîne maladivement dans l’histoire, celui d’une monarchie présidentielle dont l’oxymore semble atteindre aujourd’hui ses dernières impasses.
Le continuum du mensonge

À quoi reconnaît-on un pouvoir autoritaire ? D’abord à la dispense de probité qu’il s’octroie (...)

le traitement du débat climatique par Emmanuel Macron aura suivi une trajectoire symptomatique de son recroquevillement autoritaire, passant d’une convention tirée au sort à des vidéos solitaires sur YouTube, de la création du Haut Conseil pour le climat à son sabotage minutieux.

Violences symboliques, violences physiques

Le mensonge est une violence morale, doublée d’une violence symbolique lorsqu’il émane d’une autorité politique, qui se prolonge alors immanquablement en violence physique. L’autoritarisme d’Emmanuel Macron ne se limite pas à de piteuses manœuvres institutionnelles, mais s’étend naturellement à sa gestion du maintien de l’ordre, économique et social. (...)

Mais derrière ce naufrage politique, c’est le pouvoir exorbitant du capital sur le champ politique qui laisse pantois : comment Emmanuel Macron peut-il ainsi risquer une crise de régime ouverte pour quelques milliards en guise d’obole aux divinités impersonnelles du capital, toujours avide d’augmenter le volume de travail disponible à l’exploitation ? N’a-t-il pas d’autres urgences à gérer, comme l’inflation, la guerre de l’eau en gestation, le réchauffement climatique, l’enlisement du conflit ukrainien, l’effondrement des services publics ? Essentiellement, c’est la minorité de la classe minoritaire qui nous gouverne aujourd’hui.

Moralité : conduire une politique démocratique dans le cadre de la Vᵉ République est aussi illusoire que dérouler un agenda écologique dans le cadre du capitalisme. (...)

Il n’y a pas de possibilités paramétriques, il n’y a que des ruptures possibles. (...)

Si ce énième usage du 49.3 ouvre un espace politique populaire inédit, il ne faudrait pas crier victoire trop tôt : Emmanuel Macron a été poussé à la faute, mais la réforme n’est pas abandonnée. Nous verrons lundi si le gouvernement est renversé par une motion de censure et dans les prochains jours si le mouvement social s’empare de la vie quotidienne.

D’ici là, laissons les incidents s’étendre, revendiquons l’anticapitalisme écologique face à l’écologie bourgeoise, allumons des lumières révolutionnaires dans les cavernes de l’ordre établi. L’avenir s’ouvre du côté de la grève générale. Pas seulement au sens de grève interprofessionnelle, mais de grève totale dans notre rapport au monde capitaliste. De grève proprement humaine. La monarchie présidentielle doit tomber.