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La « jurisprudence Assange »
La menace sur les médias posée par les poursuites pénales de l’administration Trump à l’encontre de Julian Assange.
Article mis en ligne le 22 septembre 2020

Alors que l’audience en vue de son extradition se poursuit pour Julian Assange, nous explorons cette semaine l’ampleur des implications pour la liberté de la presse que constituent les poursuites engagées par l’administration Trump.

La « jurisprudence Assange »

La menace sur les médias posée par les poursuites pénales de l’administration Trump à l’encontre de Julian Assange.
paru dans lundimatin#255, le 21 septembre 2020

Alors que l’audience en vue de son extradition se poursuit pour Julian Assange, nous explorons cette semaine l’ampleur des implications pour la liberté de la presse que constituent les poursuites engagées par l’administration Trump.

À l’origine cet article a été publié en ligne par The Courage Foundation.

’The Assange precedent’ : The Threat to the Media Posed by the Trump Administration’s Prosecution of Julian Assange,’ Defend WikiLeaks, mars 2019.

« Un acte d’accusation reposant sur la publication d’informations d’intérêt public... créerait une jurisprudence avec de lourdes implications pour la liberté de la presse ». [1]
« M. Assange n’est pas un journaliste traditionnel, mais ce qu’il fait avec WikiLeaks est difficile à distinguer d’un point de vue légal de ce que font au quotidien les médias traditionnels, comme le New York Times : rechercher et publier des informations que les responsables au pouvoir préféreraient tenir secrètes, y compris des informations classifiées pour des raisons de sécurité nationale ». [2]
New York Times

« Je pense que les poursuites engagées contre lui [Assange] établiraient une très, très mauvaise jurisprudence pour les éditeurs d’information. D’après tout ce que je sais de cette affaire, il se trouve en quelque sorte dans la position classique d’éditeur et je pense que la loi aurait de grandes difficultés à établir une distinction entre le New York Times et WikiLeaks ». [3]
David McCraw, avocat du New York Times

« Si le gouvernement américain peut poursuivre en justice l’éditeur de WikiLeaks pour avoir publié des informations classifiées, alors tous les médias sont en danger ». [4]
The Atlantic

Introduction

L’administration Trump a confirmé l’inculpation de Julian Assange, l’éditeur de WikiLeaks, et sa demande d’extradition depuis le Royaume-Uni. [5]

L’acte d’accusation concerne des informations publiées en Europe en 2010-2011 par WikiLeaks, en partenariat avec plusieurs médias au sujet de la guerre, de la diplomatie, pendant que Julian Assange était lui même en Europe. [6] Aux États-Unis, Assange risque la prison à vie.

La source alléguée, Chelsea Manning, qui a obtenue une commutation de sa peine par le président Obama, a été réincarcérée le 8 mars 2019 par l’administration Trump afin de la contraindre à témoigner contre WikiLeaks, sous le sceau du secret, au sujet des publications de 2010. Au moment de son incarcération, elle a déclaré : « Je me tiens à mes précédents témoignages publics ». [7] En 2013 durant son procès, Manning avait déclaré que « la décision que j’ai prise d’envoyer des documents et des informations » à WikiLeaks « était la mienne ». [8]

Les actions de l’administration Trump constituent une menace sérieuse pour la liberté d’expression et la liberté des médias (...)

1. L’administration Trump cherche à utiliser son dossier contre WikiLeaks comme « bélier » pour écraser le reste de la presse.

Cette administration cherche à mettre fin à la vague de fuites la concernant en utilisant le procès contre WikiLeaks comme « bélier » contre les autres médias. Cette administration a été accablée par des centaines de fuites concernant le gouvernement, sur tout un ensemble de sujets : des conversations de Trump avec les dirigeants australien et mexicain, à l’habilitation de sécurité de Jared Kushner, à une prochaine rencontre avec Kim Jong Un, à son journal personnel, etc. Dans les faits, l’administration Trump a déjà menacé de poursuivre des journalistes qui publieraient des fuites de documents classifiés. [9] L’administration Trump est hostile à la presse et ne s’arrêtera pas à WikiLeaks ; WikiLeaks est le précédent juridique parfait pour pouvoir entraver le reste de la presse ensuite.

2. Poursuivre WikiLeaks crée une jurisprudence grave qui menace les libertés de la presse.

Si les États-Unis parviennent à poursuivre en justice l’éditeur et le rédacteur en chef de WikiLeaks, pour avoir révélé des informations que les États-Unis estiment « secrètes », ce sera la porte ouverte à une jurisprudence extrêmement dangereuse. (...)

3. L’administration Trump ne devrait pas être en mesure de poursuivre un journaliste au Royaume-Uni, pour ses activités depuis le Royaume-Uni et le reste de l’Europe, sur la base d’accusations faites en vertu des lois américaines. (...)

Une fois la jurisprudence Assange établie, les états étrangers auront des raisons d’insister pour que les journalistes et les éditeurs soient extradés pour leur travail d’enquête. Même les États qui interdisent l’extradition de leur citoyens sont concernés : dès que les journalistes partent en vacances ou en mission, ils pourraient être arrêtés et extradés par un état tiers suivant la jurisprudence Assange.

4. L’administration Trump cherche à transformer l’Europe et le reste du monde en un Guantanamo Bay légal. (...)

De nombreuses organisations reconnaissent le péril sur la liberté des médias (...)