
Plus de 4 000 enfants vivant dans des orphelinats ou des familles d’accueil en Ukraine ont été évacués vers la Pologne pour échapper à la guerre.
Fin février, seule une poignée d’enfants polonais vivaient dans l’un des foyer pour enfants de Lodz, dans le centre de la Pologne. Désormais, l’établissement a fort à faire. Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine le 24 février, le foyer accueille plusieurs dizaines de jeunes venus d’un orphelinat de la ville de Kovel, dans l’ouest de l’Ukraine.
(...) "La nuit, nous étions réveillés par les sirènes toutes les deux heures et nous devions aller au sous-sol. À chaque fois, il fallait réveiller les enfants, les habiller, puis les remonter à l’étage, les déshabiller et les remettre au lit. C’était difficile. Nous avons fini par décider de passer les nuits entières dans le sous-sol" (...)
La directrice a fini par accepter la proposition du ministère ukrainien des Affaires sociales d’évacuer l’orphelinat. Galina Jovikà a également emmené son petit-fils de six ans, Artyom. Sa fille et son frère font tous les deux partie de l’armée et sont restés en Ukraine.
À Lodz, elle s’occupe désormais d’un groupe de 20 enfants âgés de trois à 16 ans. Ils ont été rejoints par un deuxième groupe de 21 enfants handicapés, en provenance d’un autre foyer d’enfants de la région de Kovel. (...)
Leur hébergement a été organisé par l’ONG Happy Kids, qui s’occupe d’orphelins et de familles d’accueil en Pologne depuis 20 ans. L’organisation peut également compter sur un vaste réseau en Ukraine. (...)
"Si cette tragédie continue, il y aura de plus en plus d’enfants qui vont perdre leurs parents dans cette guerre", ajoute sa collègue, Izabela Kartasinska. "Nous essaierons également d’aider ces orphelins de guerre."
Plus de 4 000 enfants accueillis
Pour une meilleure prise en charge des enfants, la Pologne a tenté ces 20 dernières années de fermer les grands foyers dans le cadre de ses réformes sociales. Près de 80 % des enfants polonais pris en charge par les services sociaux ont ainsi été placés dans des familles d’accueil. Aujourd’hui, ce sont les enfants ukrainiens qui remplissent à nouveau les foyers pour enfants.
"Nous nous battons depuis 20 ans pour nous débarrasser de ces énormes établissements. Le fait que ces foyers se remplissent à nouveau aujourd’hui est une ironie de l’Histoire, mais heureusement, c’est pour la bonne cause", note Izabela Kartasinska de Happy Kids. (...)
"Le plus important est de dire la vérité aux enfants. Ils ressentent notre nervosité, notre tension", assure Galina Jovik. "Il ne faut pas cacher les problèmes, car les enfants n’aiment pas être trompés. Ils ne vous le pardonneront jamais."
Elle a néanmoins cherché à protéger les plus jeunes de la vérité, en leur expliquant qu’ils partaient en vacances pour se faire de nouveaux amis.
Pour les enfants plus âgés comme Kira, cependant, la guerre est bien présente dans leurs pensées. "J’ai peur que la guerre continue", dit-elle. Les larmes aux yeux, elle ajoute qu’elle ne trouve pas les mots pour parler de ce qui se passe dans l’est de l’Ukraine, où "les Russes tirent et tuent des petits enfants". (...)