
Dans « La lande, le pin, le feu », l’universitaire José Cubéro raconte l’histoire du massif landais : sa lente transformation en un manteau uniforme de pins, les incendies qui l’ont ravagé, les luttes du prolétariat agricole... Et appelle à la préservation de ce gigantesque piège à carbone.
« Les Landes sont ma nature ». Sous ce vocable un peu abscons une pétition-manifeste circule actuellement sur les réseaux sociaux landais (et au-delà) pour rapprocher les défenseurs de l’environnement de ce département de Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs centaines de personnes l’ont d’ores et déjà signé. Il s’agit d’un « premier pas vers une organisation citoyenne indépendante capable de favoriser et de concilier la défense de la nature et celle des pratiques nouvelles », écrivent les promoteurs du manifeste – le collectif citoyen nouTous – qui éditent par ailleurs un journal, Landemains, dont le dernier numéro est téléchargeable gratuitement sur internet.
Contre la mécanisation à outrance de la culture du pin, il faut maintenir une forêt diversifiée
Le tissu associatif qui gravite dans la mouvance de Landemains peut se targuer de jolis succès. À coup de saisine des tribunaux, de courriers véhéments à l’administration, elle a réussi à faire capoter divers projets absurdes. (...)
Parmi les huit objectifs de Les Landes sont ma nature figure en bonne place « le maintien partout où c’est possible d’une forêt diversifiée, aujourd’hui en proie à la mécanisation à outrance de la culture du pin ». (...)
En lisant ces lignes accusatrices, comment ne pas songer au dernier livre de José Cubéro : La lande, le pin, le feu. Le grand incendie de 1949, aux éditions Cairn. En 200 pages solidement documentées, l’universitaire y raconte l’histoire mouvementée du massif landais jusqu’à nos jours. L’ouvrage est passionnant. (...)
La monoculture du pin triomphe encore alors que les débouchés économiques se rétrécissent. Malgré tout, il faut sauvegarder le massif forestier pour deux raisons, plaide José Cubero : il constitue un gigantesque piège à carbone, incontournable à l’heure du changement climatique, et il offre à chacun des espaces infinis, apaisants et suaves qui ne demandent qu’à être parcourus à pied ou à vélo. Les barrières n’existent pas dans la forêt landaise. Le plaidoyer de l’auteur rejoint ici le combat toujours recommencé des militants de nouTous.