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la vie des idées
La finance sert-elle le bien commun ?
Guillaume Bazot est maître de conférences en économie à l’Université Paris VIII.
Article mis en ligne le 24 avril 2019
dernière modification le 22 avril 2019

Depuis la crise de 2008, la finance est en question. Sommes-nous allés trop loin dans sa libéralisation ? Faut-il une réglementation plus stricte ? Si oui, comment s’assurer de son bon fonctionnement ? Beaucoup a été dit ou écrit à ce sujet alors même que des analyses factuelles sur les coûts et profits du système financier demeurent largement absentes. En de telles circonstances, les fantasmes gouvernent les croyances et produisent nombre de « remèdes » souvent plus nocifs que le mal.

L’intermédiation financière naît de la nécessité d’allouer efficacement le capital. Dès lors, banques, assurances, et fonds communs de placement sont utiles à plusieurs effets. Premièrement, ils limitent les asymétries d’information, c’est-à-dire les difficultés auxquelles fait face un prêteur pour acquérir des renseignements fiables sur les emprunteurs. Le savoir-faire de ces institutions permet d’évaluer et de contrôler les emprunteurs n’ayant pas d’accès direct au crédit. Deuxièmement, ils permettent aux investisseurs de diversifier leur portefeuille d’actifs financiers. Les intermédiaires financiers gérant un volume d’actif suffisamment large sont en mesure de diversifier le risque (Diamond, 1984). Troisièmement, ils rendent liquides des actifs illiquides. En effet, un déposant plaçant son argent en banque peut en disposer facilement alors même que la banque en fait couramment usage pour ses prêts aux entreprises ou aux ménages (ce que l’on qualifie de prêts ou actifs illiquides). Si ce même déposant prêtait directement son capital à un emprunteur, il ne pourrait en disposer tout de suite, sur demande. Les banques limitent ainsi l’immobilité des fonds investis, réduisent le coût de la liquidité et augmentent les incitations à investir (Diamond et Dybvig, 1983). Dans chaque cas, parce qu’ils réduisent les contraintes de crédit, les intermédiaires financiers aident au financement de l’innovation et facilitent l’investissement.

En revanche, parce qu’ils produisent et gèrent la monnaie et le capital, les intermédiaires financiers jouissent d’une position économique centrale. Ce pouvoir encourage les excès, notamment dans la prise de risque, d’où l’importance d’une réglementation adéquate des activités bancaires et financières. Néanmoins, la titrisation des prêts immobiliers, c’est-à-dire la transformation de créances immobilières illiquides en titres négociables liquides, a donné l’opportunité aux intermédiaires financiers de réaliser d’importants profits grâce au contournement des règles prudentielles (...)